Il vous avait manqué, avouez. Eh bien le revoilà : le premier point météo de l'année 2019. Le 1er février dernier marquait le départ de la nouvelle tournée allemande de L'ÂME IMMORTELLE, qui sort un mini album, Letztes Licht. Et cette fois, c'est la neige qui a failli gâcher la fête. Les Allemands sont pourtant habitués à la poudreuse, mais on avait rarement vu une tempête de cette envergure dans la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ce en moins de 48 heures. La veille du concert, les aéroports de la région étaient encore fermés et rares étaient les voitures qui osaient s'aventurer sur les petites routes. Mais rassurez-vous : une paire de moon boots et ça repart ! Si, effectivement, certains membres de la tournée ont connu des difficultés, tout le monde est arrivé à bon port. Ni vu ni connu...
Pour cette première date de tournée, le groupe autrichien a choisi le Kulttempel d'Oberhausen pour organiser son traditionnel Meet and Greet avec les fans. Une heure avant l'ouverture officielle, certains chanceux ont pu tailler le bout de gras avec leurs idoles, qui se sont gentiment prêté au jeu du marathon des autographes et selfies bouche en cul de poule. Puis, sans crier gare, la voix de Sonja Kraushofer résonne dans toute la salle. Improvisation de dernière minute, l'artiste a décidé d'offrir un petit cadeau à ses fans. Elle a invité le pianiste qui a originellement enregistré le titre Letztes Licht pour un duo piano voix d'anthologie. Si le clavier est amplifié, la voix de Sonja, elle, n'a besoin d'aucun artifice. On regrette presque de l'entendre si rarement dans cette configuration. Les poils se dressent, les larmes montent. Ce petit bijou clôt la rencontre et laisse le public envoûté.
Dunkelsucht
C'est peut-être une nouveauté pour vous, mais c'est déjà la seconde fois que DUNKELSUCHT ouvre pour L'ÂME IMMORTELLE. Ce duo suisse tout juste sorti de l'oeuf monte lentement mais sûrement l'échelle de la notoriété. Son electro parfois sombre à la SUICIDE COMMANDO ou AGONOIZE prend soudain des allures de futurepop feel good comme la manient si bien VNV NATION ou NEUROTICFISH. Le mélange est intéressant, les types sympas, la présence sur scène de Patrick Näf n'a rien de ridicule. Sa voix, en revanche, dessert la mélodie. On sent le potentiel d'un très bon groupe qui se cherche encore. Mais qui a déjà trouvé son public. Les EPs se sont vendus comme des petits pains.
Versus
Le deuxième acte a une réputation tout aussi timide, mais cela fait 10 ans que VERSUS existe. Sous une autre forme et un autre style, VERSUS a sorti en 2010 un EP avant de faire une pause et changer de registre. Depuis, le groupe devenu trio se consacre à la "Ahoi-pop", auto-définition de leur style musical. Si ce n'est leur consommation régulière de poudre à limonade vraiment immonde Ahoj, le terme suppose un mélange de plusieurs styles, electropop, synthpop, touches d'EBM et de techno. Mais surtout : de la bonne humeur et du show !
Ce qui n'a pas changé toutes ces années, c'est l'habitude du leader Andre Steinigen de se produire... pieds nus ! Ah oui, j'oubliais. Ce nom vous dit peut-être quelque chose. Et pour cause : il est l'un des complices live de NACHTMAHR avec qui il se produit de temps à autre depuis un bon bout de temps.
Selon lui, VERSUS n'est pas le meilleur groupe de tous les temps, mais c'est un excellent groupe live. Bon, on n'est pas dans un pogo de SHAÂRGHOT, faut pas exagérer. Mais s'il fallait donner une note, ce serait plutôt AND ONE sur 20. VERSUS tourne avec son album Freakwaves sorti en 2017, qui ne manque pas de mélodies accrocheuses. Le bémol (c'est le cas de le dire), encore une fois, c'est la voix. Mais c'est le lot de 90% des groupes de synthpop ou EBM. C'est livré avec. La voix d'Andre est tout aussi timide que sa gestuelle. Tremblante. Mais on ne lui en tient pas rigueur. Parce qu'on passe quand même une sacrée bonne soirée.
Setlist :
01. Wir sind anders
02. Freakwaves
03. Schenk mir Zeit
04. Von Sonne Regen und Rausch
05. A Memory in frames
06. Immer dann
07. Love2Go
08. Lies
09. Into the galaxy
10. Welle Sieben
L'Âme Immortelle
C'est parti pour le premier round de cette tournée. Petit rappel : L'ÂME IMMORTELLE, c'est vingt ans d'existence, onze albums studio, quelques passages remarqués sur MTV au début des années 2000 et des tournées à n'en plus finir. Il fut une époque ou un certain COVENANT faisait la première partie du groupe autrichien. Voilà de quoi remettre les points sur quelques i. Les années passent et les deux membres encore actifs Sonja Kraushofer et Thomas Rainer ont fini par avoir envie d'aller voir ailleurs, s'investir dans d'autres projets... pour mieux se retrouver dans les années 2010, dans une nouvelle constellation, avec toujours la même passion. L'ÂME IMMORTELLE a derrière lui tant de tubes qu'il y a toujours de quoi faire un cocktail explosif en concert.
La setlist de ce soir réserve quelques surprises. Les nouveaux morceaux font leur entrée, plutôt très remarquée en ce qui concerne Letztes Licht, qui souffle tout le monde. Certains incontournables comme Life will never be the same again ont finalement disparu, et certains anciens disparus, à l'instar de Ich gab Dir alles, ont fait leur grand retour. Nous reparlerons de l'absence de Bitterkeit à la fin de ce compte rendu.
Lorsqu'on écoute L'ÂME IMMORTELLE depuis presque deux décennies, qu'on a grandi avec leur musique, qu'on a connu les hauts et les bas, le bon et le moins bon, la montée et la descente, les line-ups successifs, qu'attendre de neuf ? C'est à tort que je pensais voir le même show que ceux des dernières années. Mea Culpa. L'ÂME IMMORTELLE n'est peut-être pas le groupe le plus à la mode en 2019, ne surfe pas sur les tendances qui font vendre, et rentre pour certains dans la catégorie cliché un peu ringard qu'on écoute en cachette sans trop le dire à ses potes. Mais voir L'ÂME IMMORTELLE en live, ça vous prend le tripes. Ils savent vous emmener là où ils veulent. Les années trahissent une expérience incontestable. Rien n'est laissé au hasard. De la voix intemporelle de Sonja aux lumières magiques. Chaque personnage est mis en valeur (merci Krischan Wesenberg pour la régie son), dans le calibrage du son comme dans le spectacle visuel, les costumes et la prestance scénique. Les quatre complices se complètent dans ce spectacle parfaitement huilé. En clair : ça envoie du pâté.
Les poils se dressent, encore une fois. Les larmes montent, encore une fois. Les prouesses vocales de Sonja mettent tout le monde d'accord. Lorsque viennent les tubes déjà cent fois interprétés, on pense être tranquille, dans la routine. Et tout d'un coup, le groupe nous sort une nouvelle version de Es tut mir leid encore plus théâtrale que l'originale. Difficile de résister.
Tandis que nous étions déjà tous convaincus d'avoir pris une grosse gifle, L'ÂME IMMORTELLE en remet une couche avec l'interprétation de Letztes Licht en piano/voix de nouveau, cette fois pour tout le public et avec micro. L'audience reste médusée, conquise. On ose à peine applaudir au départ de scène des musiciens. Tout se finit dans un silence délicieux. Si bien que le groupe prend la décision de ne pas revenir jouer son plus grand succès Bitterkeit, de peur de briser l'émotion de ce moment. Il n'y aura donc pas de réelle salutation au public, le groupe préférant se retirer à pas feutrés (et scroutch font les pas dans la neige).
Setlist :
01. Fear
02. Letztes Licht
03. Drown them
04. Ich fang Dich auf
05. Es tut mir leid
06. The Spell
07. Unendlich
08. Schwerkraft
09. Eye of the storm
10. Wie Tränen im Regen
11. Ich gab Dir alles
12. 5 Jahre
13. Stumme Schreie
14. Monument
Rappel :
15. Treiben
16. Letztes Licht (piano/voix)