Nous voilà partis dans le grand froid pour aller voir LAIBACH. Cette semaine fut parsemée de verglas et de chutes de neige, et c'est donc tout naturellement que quelques flocons viennent nous accueillir devant le Live Music Hall de Cologne.
L'endroit n'a pas vraiment de charme particulier, mais il offre une capacité de 1000 personnes et une vue imprenable sur la scène. Je suis un peu surprise que LAIBACH joue dans une si grande salle, même au pays de la musique gothique. Mes doutes se révèlent exacts, puisque bien moins des 500 tickets escomptés ont été vendus pour cette soirée, ce qui resterait tout de même un record en France. Ce public clairsemé est en fait une bonne nouvelle puisque LAIBACH joue sa tournée sans photopit ; et lorsque l'on mesure moins d'1m60 dans un pays où la taille moyenne avoisine les 1m90, il est bien pratique de pouvoir se faufiler pour obtenir une bonne vue.
Les affiches avaient annoncé le début du concert pour 20h, mais c'est finalement peu avant 21h, après deux heures d'attente, que le groupe se présente, fidèle à sa mise en scène habituelle qui laisse ses membres à la démarche martiale impassibles.
Le concert se divise en deux parties : LAIBACH débute par de vieux morceaux qui ont fait le succès du groupe et parsème le tout de quelques titres de SPECTRE. Puis, un entracte de quinze minutes qui nous rappelle les vendeuses de glace des vieux cinémas vient couper le spectacle. Suit alors une comédie surréaliste composée d'un ensemble de tableaux loufoques à la gloire semble-t-il de la Corée du Nord. On imagine bien que ces morceaux ont été spécialement travaillés pour le concert qu'a donné LAIBACH en août dernier au pays de Kim Jong-un et qu'ils ont été ajoutés à la setlist pour toute la tournée. Pour laisser un petit aperçu de la mascarade, l'une des chansons dit "j'aime la viande et j'aime les bonbons". Là où LAIBACH excelle, c'est évidemment dans l'ambiguité. Il y a ce génie de mêler surréalisme et cadence classique. Tout est si bien mêlé qu'on ne sait sur quel pied danser. S'en suivent les classiques de SPECTRE, habituellement joués en festival. Et malgré un rappel timide, LAIBACH remonte sur scène interpréter la bande originale de Iron Sky ainsi que "Leben heisst Leben". Le concert ou plutôt le spectacle fut exceptionnel. Le meilleur concert du groupe auquel j'ai assisté. Le son était excellent, les vidéos magnifiquement projetées et le groupe a prouvé qu'il était doté de réels musiciens. Quant à la lumière, elle reste tout simplement la meilleure qui soit. Le potentiel de cette soirée pour être parfaite était très élevé, si l'ambiance n'avait pas été aussi froide. Certes on ne "tanz" pas toujours "mit LAIBACH", mais le public allemand est resté frileux, au point qu'il faisait encore froid dans la salle après le concert. Le seul moment où des applaudissements sincères, chaleureux et énergiques ont retenti, c'est à la toute fin du concert. Une fois le groupe sorti de scène, une vidéo apparaît, retraçant la visite de LAIBACH en Corée du Nord. Le montage est naturellement humoristique et je ne peux que vous convier à aller le voir par vous-mêmes, et pour une fois, le public applaudit à tout rompre.