Laibach
Après l'Allemagne, c'est donc en France que se poursuit la tournée de LAIBACH pour l'album The Sound of Music, pour les quelques centaines de fans et de métalleux curieux rassemblés dans la salle du Ninkasi Kao à Lyon ; et vieux habitués du groupe ou non, il est certain que personne ne sera déçu du voyage tant les Slovènes ont tout fait pour surprendre sur cette tournée !
On n'entendra pas les grands classiques du groupe tels que l'EBM jouissive de Tanz Mit Laibach ou la martiale Opus Dei ; à la place, le groupe nous accueille avec... de la pop, celle du dernier album parodiant la comédie musicale américaine La Mélodie du Bonheur, une pop grinçante, pervertie par la voix caverneuse d'un Milan Fras vêtu de blanc et l'humour pince-sans-rire du groupe, qui prend plaisir à passer sur l'écran derrière lui les images les plus inquiétantes sur la volontairement niaise Sixteen Going on Seventeen ou a contrario des images du dessin animé My Little Poney derrière My Favorite Things pour surjouer la candeur, sans oublier les images d'enfants au milieu de toute cette fausse innocence. Milan est accompagné de la nouvelle chanteuse Marina Mårtensson, à la voix plus chaude que Mina Špiler, et dont le personnage paraît à vrai dire mal s'accorder avec sa tenue qui rappelle justement Mina ; le second chanteur de l'album, Boris Benko, n'est quant à lui pas physiquement présent mais surgit régulièrement sur l'écran au moment où sa voix est diffusée, il ne manquerait plus qu'un hologramme ! Musicalement, cette première partie n'est guère transcendante, mais on s'amuse.
Toute différente est la seconde. Un groupe normalement câblé dans sa tête aurait sûrement fait une première partie consacré au premier album puis une seconde avec ses morceaux les plus connus, mais LAIBACH ne fait pas dans la facilité ! Vous vous souvenez de la version revisitée de Smrt za Smrt qui faisait une intro si puissante et si effroyable à la fin de la tournée Spectre ? Elle est de retour. Et ce n'est pas la seule : LAIBACH ressort du placard plusieurs morceaux de ses deux premiers albums, les plus industriels et les plus austères de sa discographie, modernisés par quelques touches d'électronique et de chœurs. Et cette fois, l'ambiance est à l'exact opposé de la première partie : ces morceaux sont terriblement oppressants, l'atmosphère est beaucoup plus sombre et plus sérieuse avec de vieilles images en noir et blanc, Milan a retiré sa tenue blanche pour revenir à ses couleurs traditionnelles. Non sans frissons, on se laisse emporter par les vieux Vier Personen (où le groupe ne peut pas s'empêcher de troller en alignant des images de Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine et... Donald Trump, comprenne qui pourra !) ou Ti Ki Izzivaš, où c'est cette fois Mina qui est virtuellement présente. C'est extrêmement réussi, et il serait à vrai dire intéressant que le groupe sorte une version studio de ces morceaux revisités.
Le rappel du groupe nous surprend encore : cette fois, avec une Marina beaucoup plus naturelle et envoûtante, c'est l'une des reprises de Sympathy For The Devil réalisées par le groupe dans les années 80 que l'on retrouve, entre refrains pop-rock et rythme martial, puis -c'est peut-être le point le plus prévisible lorsqu'on voit le groupe en France- Francia de l'album Volk qui reprend des paroles de la Marseillaise, pour finir par un extrait de la BO du prochain Iron Sky et, et... oh. Un morceau intitulé Surfing Through The Galaxy, avec sur l'écran une sorte de jeu vidéo mettant en scène un Milan Fras de pixels, tandis que le vrai Milan se coiffe d'un grotesque chapeau de cowboy.
On vous l'avait dit, qu'on ne serait pas déçu du voyage.
Setlist :
Acte 1
01. The Sound of Music
02. Climb Ev'ry Mountain
03. Do-Re-Mi
04. Edelweiss
05. My Favorite Things
06. The Lonely Goatherd
07. Sixteen Going on Seventeen
08. So Long, Farewell
09. Maria/Korea
10. Arirang
Acte 2
11. Mi kujemo bodočnost
12. Smrt za Smrt
13. Nova Akropola
14. Vier Personen
15. Krvava Gruda / Plodna Zemlja
16. Ti, Ki Izzivaš
Rappel :
17. Sympathy for the Devil
18. Francia
19. The Coming Race
20. Surfing Through the Galaxy
