Acyl
Un mois après un excellent concert à la Boule Noire (live report), ACYL était de retour sur une scène Parisienne, cette fois-ci en ouverture des TAMBOURS DU BRONX. C'est donc avec un réel plaisir que l'on retrouve le groupe de metal ethnique, qui puise son influence dans les musiques traditionnelles du Sahara : entre ça et le concert annoncé "metal" de la tête d'affiche, la soirée propose un décloisonnement culturel aussi nécessaire que jouissif.
Le show de ACYL est bien rôdé, efficace. Le groupe arrive sur scène après un décompte d'une minute projeté sur l'écran derrière eux et lance les hostilités avec Mercurial, qui a récemment fait l'objet d'un clip. Ça envoie à mort et les cinq musiciens dégagent un sacré charisme : avec leur simplicité et leurs sourires, ils ont quelque chose d'immédiatement attachant et leur enthousiasme est communicatif. Sur scène, ils proposent sans tricher leur univers si riche et le public ne s'y trompe pas, réagissant plus que positivement.
Le concert est ponctué des fréquentes facéties de Amine, le chanteur, qui prend le temps de présenter avec humour le travail de ses collègues et les instruments qu'ils utilisent. Les karkabous, ces espèces de castagnettes, sont bien sûr de la partie et acclamés comme il se doit par les habitués, tout comme la danse touareg pratiquée par le public ("vous inquiétez pas messieurs, c'est plutôt une danse virile", s'amuse Amine avant de lancer la séance de pas chassés sur Gibraltar). Énergie et bonne humeur caractérisent le set d'ACYL dont la musique prend parfois des tonalités épiques, voire guerrières. Les morceaux atteignent une nouvelle dimension en live et regarder le groupe évoluer est tout aussi chouette : les musiciens bougent ensemble avec cohésion, leurs quelques pas de danse sont parfaitement synchronisés et ils affichent régulièrement leur unité en se regroupant sur scène pour profiter ensemble de ce moment.
Après trois quarts d'heure, leur performance touche à sa fin. Amine nous incite à accueillir "un jeune duo, les Chevaliers du Bronx" histoire de faire marrer tout le monde encore un coup avant que le groupe ne vienne nous saluer. ACYL reviendra en région Parisienne (à Chatou) pour le Kave Fest le 30 juin. Si vous en avez l'occasion, foncez les voir !
Setlist :
01. Mercurial
02. Finga
03. The Battle of Constantine
04. Al Kiama Chapter 1: Caldeira
05. Obduracy
06. The Angel’s Sin
07. Gibraltar
08. Head on Crash / Ungratefulness
09. Creation Chapter 3: Autonomy
Les Tambours du Bronx
Est-il nécessaire de présenter LES TAMBOURS DU BRONX ? Ça fait plus de 30 ans que la troupe parcourt le monde en cognant sur ses emblématiques bidons, capable de se produire aussi bien avec les frères Morvan que SEPULTURA ou lors de grands événements comme le Centenaire de Verdun. Et pourtant, la formule est totalement chamboulée avec ce nouveau show, Weapons of Mass Percussion. Pour l'occasion, LES TAMBOURS DU BRONX se retrouvent avec deux chanteurs (Reuno de LOFOFORA et Stéphane Buriez de LOUDBLAST), un batteur (Franky Costanza de BLAZING WAR MACHINE), deux guitaristes et un bassiste qui lâchent leurs mailloches le temps d'une tournée. Ajoutez à cela l'arrivée d'Arco Trauma (CHRYSALIDE, SONIC AREA) derrière ses machines, et la troupe se retrouve donc avec un visage inédit à nous faire découvrir ce soir pour ce début de tournée organisé par Access Live.
On le sait, pas loin de là SEPULTURA jouait également à Paris. Il fallait faire un choix, mais la puissance de percussion et l'énergie des TAMBOURS DU BRONX sur scène ne pouvaient juste pas se manquer. C'est comme ça. Sans regrets, même. Sur scène, les neuf bidons peints forment une barrière séparant les chanteurs et guitaristes de Costanza et ses fûts, trônant derrière cette horde, et d'Arco Trauma, planqué dans un coin sous son masque. Ça en impose grave, et on aurait presque l'impression de se retrouver face à un clan tout droit sorti de Mad Max, entre l'aspect récup' et tribal des bidons et la puissance martiale du son. D'emblée, le ton est donné avec une relecture du morceau Orient, qui porte désormais le nom de Mirage Eternel. Du chant a été ajouté sur tous les titres, Reuno et Buriez se partageant la scène et les morceaux.
Cette nouvelle formule demande probablement un temps d'adaptation, du moins à une partie du public : là où certains attendaient certainement un spectacle de percussions plus "traditionnel" (si ce mot a du sens pour LES TAMBOURS DU BRONX), c'est à un véritable concert de metal qu'on a droit. Mais avec une dizaine de types qui cognent comme des sauvages. La chaleur monte petit à petit au fur et à mesure que le public se laisse prendre au jeu de ce show puissant et que le groupe nous propose des relectures des incontournables Pneumothorax et Delirium. Allant crescendo en intensité, la bande nous envoie une sorte de medley de SEPULTURA sauvage et tribal qui rassure tous ceux qui auraient pu hésiter entre les deux concerts : pas sûr que la bande de Kisser ait joué des TAMBOURS DU BRONX pendant ce temps !
On ne va pas mentir : alors que le concert devenait de plus en plus bouillant et que la majeure partie du public en prenait plein la tête avec le sourire, quelques personnes ont quitté le navire, notamment des gens venus en famille. Peu, certes, mais c'est dommage : la musique est aussi une éducation, et rester leur aurait permis de découvrir et d'apprendre à apprécier des sons auxquels ils n'ont pas l'habitude. S'il y a bien une chose que prouve cette soirée, et ce dès le concert d'ACYL, c'est que la rencontre des cultures et la curiosité sont toujours un enrichissement. Mais peu importe, car pendant ce temps, ça sue dans la fosse alors que les cogneurs échangent leurs positions et que le groupe nous fait découvrir de nouvelles versions de Dies Irae (leur single Jour de Colère) ou Human Smile !
Histoire de finir en beauté cette soirée de malades, la horde revient pour un rappel déjanté composé de deux reprises. On a tout d'abord eu droit à The Day is my Enemy, le meilleur (et seul vraiment bon ?) morceau du dernier album de THE PRODIGY, pour lequel LES TAMBOURS DU BRONX sont accompagnés d'une chanteuse, suivi de l'immense classique qu'est Dragula de ROB ZOMBIE. Le son massif des bidons a beau avoir été bridé un poil pour rester dans les normes des salles de concert, ça envoyait à mort. L'expérience doit se vivre en live, ne serait-ce que pour sentir vibrer les coups de mailloches assenés par cette tribu sur leurs tambours mythiques, nous envoyant des décharges d'énergie brute. C'était beau et c'était fort. Merci à Manu d'Access Live à et Caroline pour leur boulot et leur invitation, on s'en souviendra de cette soirée !
Vous pouvez retrouver notre interview du groupe réalisée juste avant le concert.
Setlist :
01. Intro
02. Mirage Eternel (Orient)
03. Pneumothorax
04. Delirium
05. Sepultura
06. aSide
07. Acid Train
08. Sameth
09. Jour de Colère (Dies Irae)
10. Le Mal (Happy Hour)
11. Arolium
12. Nacao
13. Le Festin (Human Smile)
14. Halloween
15. Not Requiem
16. The Day is my Enemy
17. Dragula