En marge du festival organisé chaque printemps, le Post In Paris propose aux parisiens des soirées "off" pour venir découvrir de nouvelles choses qui, peut-être, iront embellir l'affiche de sa prochaine édition. Ce soir, sur la scène du Supersonic, c'était Spurv, Docks et Lorsque les Volcans Dorment qui embarquaient le public (venu gratuitement, comme d'habitude) dans leurs univers faits de rêveries mélancoliques et autres escapades post-rock douces-amères. Nous n'avons malheureusement pu assister qu'à la performance des Volcans, la formation post-traumatic-rock féministe composée de Virginia (piano / guitare, également aux manettes de Skinsitive), Maud (piano / violon, aussi vue dans Bank Myna), Anne (basse et autrice des visuels du groupe) et Manon (guitare, qui compose surtout pour des pièces de théâtre) qui donnait son tout premier concert. Au quatuor viennent se greffer performeuses et performers qui posent leurs textes sur les compositions du groupe, le projet étant de créer un espace safe d'expression pour les personnes en minorité de genre, unies autour de l'expérience traumatique.
Lorsque les Volcans Dorment a pris son temps pour entrer en éruption : le projet dormait (ahem) depuis une dizaine d'années dans des coins de la tête de Virginia B. Fernson (on se souvient de son projet She Left the Devil for Fire qui, déjà, s'attaquait au post-rock et aux traumas et elle nous en parlait d'ailleurs en interview il y a quelques années). On y reconnaît d'ailleurs son goût pour les claviers lumineux qui se heurtent à des guitares plus lourdes, mais aussi pour l'électronique, avec ces boites à rythme froides et presque industrielles. En live, le travail de Lorsque les Volcans Dorment prend alors une nouvelle dimension. On peut bien sûr écouter leur récente première démo pour y découvrir cet univers tout en nuances et clairs-obscurs, cette lente éruption qui se met en place progressivement, mais cette musique est aussi faite pour accompagner des mots. En l'occurrence, ce sont ceux Camilla (également trompettiste), le champion de slam et réalisateur Adiel Goliot, la poétesse Selia et Aline du groupe de post-metal Përl. A tour de rôle, chacun.e apporte sa personnalité, sa rage, sa sensibilité. Les compos prennent alors un tournant plus mélancolique, mordant, rentre-dedans et, forcément, plus poignant également grâce à la viscéralité de textes très personnels.
Plus qu'une catharsis violente, les traumatismes qui inspirent la musique de Lorsque les Volcans Dorment mènent alors à un partage, un échange entre les artistes mais aussi avec leur public, au sein d'un espace bienveillant et ouvert créé par la musique. Cette souffrance n'est pas toujours gaie, évidemment, mais aux nombreux sourires sur scène, on devine que la sublimer est aussi un moyen de guérir via l'art. Lorsque les Volcans Dorment peut alors être vu comme une échappée thérapeutique, mais aussi un projet où la transmission est au centre du propos : des témoignages poétiques et percutants au service de minorités victimes de violences ou invisibilisées qui y trouveront un espace de compréhension et de réconfort... C'est finalement aussi nécessaire que salutaire et, en mettant justement cet échange au cœur du projet, Lorsque les Volcans Dorment concrétise ses intentions de belle manière. Si l'on a hâte de voir où ce laboratoire autant musical qu'humain va nous embarquer par la suite, on trouve dans l'immédiat réconfort dans la chaleur qui se dégageait de cette première performance, où l'on sentait que le projet, malgré son tout jeune age, a déjà une maturité certaine.