Pain + Eleine + Ensiferum + Ryujin @ La Machine du Moulin Rouge - Paris (75) - 15 octobre 2023

Live Report | Pain + Eleine + Ensiferum + Ryujin @ La Machine du Moulin Rouge - Paris (75) - 15 octobre 2023

Julien 18 octobre 2023 Pierre Sopor, Maxine, Julien

Il y a une constante assez amusante avec Pain : bien que le "second groupe" de Peter Tägtgren mélange allègrement le metal à l'électronique, il est rare de le voir s'associer à des artistes issus de la scène industrielle en tournée. Cette règle se confirme en 2023, alors que Pain prend la route en compagnie d'Ensiferum, Eleine et Ryujin et fait une halte à La Machine du Moulin Rouge le temps d'une soirée organisée par Garmonbozia. Power metal, folk metal... voilà qui sent encore les épées, les dragons, les barbes, les tavernes, les petits elfes et tous ces trucs-là : il y aura des samouraïs, des vikings, une sitcom des années 90 et de la boulangerie, ça promet ! Alors on se décoince, on se met en condition, on sourit et on accepte l'idée qu'un concert n'est pas forcément un lieu dangereux et insalubre où l'on vient pour être triste et faire la gueule. Cela dit, ce n'est pas comme si Pain était le groupe le plus déprimant, de toute façon.

RYUJIN

C'est RYUJIN (littéralement le "Dieu Dragon"), groupe de "metal samouraï" originaire de Hokkaido (nord du Japon), qui ouvrait dimanche cette soirée tout en bonne humeur et derrière un nuage d'épaisse fumée. Si le groupe était plus connu sous le nom de Gyze qu'il a pris lors de sa formation en 2011, il n'a rien perdu de son identité depuis sa signature chez Napalm Records en début d'année, mélangeant toujours des musiques traditionnelles japonaises à du power / heavy metal en passant par des sons plus folks, pops, ou lyriques. Le résultat est dynamique et accrocheur grâce à une batterie tourbillonnante, des riffs rapides et un jeu technique de guitare assez impressionnant. Dès le début, Ryoji Shinomoto nous inonde de sa bonne énergie et ne cesse de nous sourire pendant que le bassiste Watanabe Aruta, affublé de son trait noir de maquillage sur les yeux semble plus fou et déchaîné. Alternant entre une voix vrombissante et une voix claire, entre paroles en anglais et en japonais, le résultat est étonnant, agréablement accessible, si bien que l'on se croit parfois instantanément transporté dans un jeu vidéo entre futurisme et anachronisme. Si quatre des cinq morceaux joués étaient plus anciens, le dernier titre du set Raijin & Fujin (sorti en septembre dernier), fruit de leur collaboration avec Matt Kiichi Heafy (Trivium) présente leur futur album dont la sortie est prévue pour le 12 janvier 2024. RYUJIN fut non seulement une très bonne surprise mais aussi un très bon choix d'ouverture pour cette soirée !

Setlist :
01. Asian Chaos
02. Eastern Spirits
03. Samurai Metal
04. Dragon Calling
05. Raijin & Fujin

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ELEINE

On serait bien restés là, à scander un peu plus longtemps les "Konnichiwa" et "Arigatô " de Samurai Song (il faut bien se faire entendre du public occidental), mais avec quatre groupes à l'affiche, le timing est serré. Il y a à peine le temps de râler sur l'absence de saké au bar qu'on enchaîne avec Eleine venu présenter essentiellement We Shall Remain, paru en 2023. Quatre albums en même pas dix ans, ça turbine du côté des Suédois. On ne va pas vous cacher qu'on a plutôt du mal avec ce mélange symphonique qui pioche dans le power, le death et tout ce qu'il faut pour proposer un ensemble dynamique. La recette est connue : Madeleine Liljestam (Mad Eleine, hey, malin !) se charge du chant clair pendant que les bonshommes barbus font les grognements qui font peur, c'est conquérant, épique, fédérateur (le temps de la récente We Are Legion et sa rythmique martiale, notamment, ou du riffing toujours plus belliqueux de Death Incarnate à la frontière de l'indus, ça ça nous parle !), bref, y'a de quoi attaquer le Mordor. Ou la Comté, on ne sait pas trop. Si ce n'est pas notre corne d'hydromel, on peut en tout cas se rabattre sur le show : sur scène, il y a Eleine et les garçons et bien que tous y mettent du cœur, le charisme de la frontwoman et son énergie impressionnent. Elle partage, communique, harangue son auditoire et mange la scène comme un pourfend un dragon, avec courage et appétit. C'est largement suffisant pour capter l'attention le temps du set. Et devinez quoi ? Y'a même pas de bièraubeurre au bar !

Setlist :
01. Enemies
02. Never Forget
03. We Are Legion
04. War Das Alles
05. Blood in Their Eyes
06. Ava of Death
07. We Shall Remain
08. Death Incarnate

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ENSIFERUM

Les Finlandais de Ensiferum partagent la tête d'affiche avec Pain sur cette tournée. Au vu du monde qui s'amasse devant la scène et du nombre de t-shirts du groupe qu'on a croisés ce dimanche soir, on se demande si la plupart du public n'est pas venu exclusivement pour eux. Le groupe démarre les hostilités avec Andromeda et très vite la foule, jusqu'ici un peu timide, se lâche enfin et des pogos se forment dans la fosse. L'ambiance est festive et les fans reprennent en chœur les paroles des morceaux les plus emblématique du groupe tels qu'In My Sword I Trust ou Twilight Tavern, indémodables. La setlist, un poil courte pour une co-tête d'affiche, est la même depuis deux ou trois ans et met l'accent sur le dernier album Thalassic paru en 2020 mais n'oublie pas d'inclure les classiques Heathen Horde et Lai Lai Hei qui insufflent au set une atmosphère viking épique. On assistera d'ailleurs à un étrange spectacle durant ce dernier morceau : la foule visiblement possédée se croit sur un drakkar et se met à ramer, allongée sur le sol - il parait que ça s'appelle du rowing, on mourra moins bête ! C'est inoffensif et bon enfant, alors pourquoi pas ! En tout cas le public semble conquis et au vu des grands sourires de Markus Toivonen et de sa bande tout le long du show, on sait que tout le monde a passé un bon moment. Par contre, impossible de se faire servir dans une corne au bar !

Setlist :
01. Andromeda
02. In My Sword I Trust
03. Run From the Crushing Tide
04. For Sirens
05. Twilight Tavern
06. Heathen Horde
07. One Man Army
08. Lai Lai Hei
09. Two of Spades

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PAIN

Pain à la Machine : on a beau le répéter, on ne sait pas trop si c'est une expression du Sud-Ouest ou pas. On ne sait pas trop non plus ce que Tägtgren va bien pouvoir nous jouer, aucun album n'étant sorti depuis son dernier passage en France en 2017 (et, depuis, un line-up entièrement remanié à l'exception de Sebastian Tägtgren à la batterie). Pas de problème : c'est parti pour une heure et demi de best-of incluant les récents singles du groupe. On serre un peu les dents au début : les guitares, l'électronique et même la voix de Tägtgren, malade, semblent écrasés par la batterie. On pardonne, on sait que c'est le fiston derrière les fûts et qu'en France, Pain se sent sûrement obligé de faire entendre ses baguettes. Let Me Out en intro, avec ses chœurs graves lugubres (et un petit changement des paroles qui nous déséquilibre d'entrée de jeu), ça met dans l'ambiance et pourtant il faut attendre un peu pour que la fosse se réveille.

Pain en live, ça fonctionne toujours super bien : les morceaux sont ultra accrocheurs et trouvent l'équilibre parfait entre agressivité, humeur festive et mélancolie notamment grâce à la voix unique du frontman aux mimiques impayables. Le groupe joue devant un écran qui hache le set de courts cartoons humoristiques pour introduire les morceaux. Le public répond avec enthousiasme, comme par exemple quand Joakim Brodén de Sabaton s'incruste virtuellement le temps de Call Me. Suicide Machine, Monkey Business, Walking on Glass, Same Old Song... Affranchit des impératifs promotionnels, Pain dégaine l'artillerie lourde et aligne les hits du début à la fin, laissant à peine le temps de souffler le temps de Coming Home ou Have A Drink on Me. Le groupe assume son rôle d'entertainer jusqu'au bout, quand les musiciens se pointent avec les tenues débiles du clip de l'irrésistible Party in my Head (c'est pour prolonger l'atmosphère RPG GN de la soirée ?) ou termine son show en se roulant par terre les uns sur les autres. A l'image des efforts studios, le très fun côtoyait le doux-amer et la folie de Tägtgren portait la performance. Et vous savez quoi ? Au bar, y'avait même pas moyen d'avoir un bout de pain ! Pourtant, avec le moulin à côté, ça devrait pas être compliqué de trouver de la farine...

Setlist :
01. Let Me Out
02. End of the Line
03. Nailed to the Ground
04. The Great Pretender
05. Call Me
06. Walking on Glass
07. Revolution
08. Zombie Slam
09. Suicide Machine
10. Monkey Business
11. Coming Home
12. Have a Drink on Me
13. Same Old Song
14. It's Only Them
15. Bye/Die
16. Gimme Shelter (The Rolling Stones cover)
17. Party in My Head
18. I'm Going In
19. Shut Your Mouth

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