We are Temporary
PROJECT PITCHFORK est reparti en 2017 pour la deuxième partie de le tournée promo du dernier album Look Up, I'm Down There. Cette fois-ci, le groupe a choisi pour traverser l'Europe avec lui un groupe récent, mais surtout américain. WE ARE TEMPORARY a traversé l'Atlantique pour cette tournée et tenter de se faire connaître. On le sait, les États-Unis ne sont pas légion dans la Schwarze Szene. En général, si l'on paye des Visas pour faire traverser l'Atlantique à des groupes, c'est qu'ils en valent la peine.
C'est effectivement le cas de WE ARE TEMPORARY, grosse surprise de cette tournée. Le groupe est en fait un projet solo, celui de Mark Roberts, passionné de musique électronique et fan de tous nos classiques. Il le racontera lui-même au cours de la soirée : "Aujourd'hui, je tourne avec PROJECT PITCHFORK, ce groupe que j'admire depuis 24 ans, et qui a dessiné les contours de mon adolescence. Je ne suis pas seulement ému de jouer à leurs côtés, je le suis également de jouer devant vous, leur public. Car en fait, ce soir, nous sommes tous de simples fans de PROJECT PITCHFORK et cela signifie beaucoup pour moi de vous présenter, à vous, ma musique".
concrètement, la musique de WE ARE TEMPORARY est un mélange de future pop et de musique électronique plus mainstream. Ultra moderne, minimaliste et nostalgique, voilà le cocktail WE ARE TEMPORARY. L'univers du bonhomme est lunaire, envoûté, parfois glauque, toujours sombre. Les basses et la rythmique lourdes sont au coeur du projet, complétées par une mélodie toujours plus positive, et surtout, et surtout... et surtout la voix de Mark Roberts. Qui pourrait se douter que derrière le masque se cache cette voix fluette au vibrato fragile ? C'est parfois tellement touchant que l'on s'arrête de danser uniquement pour profiter, admirer le spectacle dans un instant de sidération. Bluffant.
Évidemment, le tout n'est pas parfait. Seul au commande, Roberts donne de toute sa personne. Mais difficile de gérer la piste audio, l'instrument, la voix et la danse en même temps. Eh oui, le musicien est plutôt démonstratif et ne tient pas en place. Il se trémousse de-ci de-là, parcourt la scène et mime pratiquement chaque parole, oubliant parfois qu'il a besoin de ses doigts pour jouer quelques notes... Alors la voix vacille un peu, certes. C'est du live. Mais on pourrait difficilement le lui reprocher. WE ARE TEMPORARY est LA surprise de l'année, et il jouera à l'Amphi Festival cet été.
Project Pitchfork
PROJECT PITCHFORK au Kulttempel d'Oberhausen, l'idée semble de prime abord un peu risquée. Le Kulttempel est certes devenu en quelques années LE lieu de rendez-vous des groupes de la scène dark, parfois electro, parfois rock. Mais PROJECT PITCHFORK fait partie de ces quelques groupes, avec BLUTENGEL, VNV NATION, AND ONE, qui sont capables de remplir des salles de deux fois cette taille, voire plus.
Et c'est effectivemment un Kulttempel archi-comble qui se profile pour ce concert. Avant 19h à l'entrée, les gens font la queue jusqu'à la rue suivante. Les voitures se garent en double file, sur tous les coins de trottoir possible. à 21h, avant l'entrée en scène du groupe, l'air devient étouffant. On bouge à peine, les premiers rangs se resserrent, la salle est prête à se déchaîner. Sur les côtés, les gens grimpent sur les tabourets et autres rebords de mur pour pouvoir apercevoir quelque chose.
Puis la salle s'éteint et se pare de bleu pour accueillir PROJECT PITCHFORK sur Conjure. Le groupe provoque, comme à chaque fois, un déchaînement dans la salle. Instantanément, tous les rangs se mettent à sautiller sans fin, à tendre les bras et scander chaque parole. Dans la fosse, cela devient vite le brouhaha complet, et les premiers pogos démarrent. Comme toujours. La salle s'échauffe, comme toujours. Le Kulttempel s'embrase, comme toujours. PROJECT PITCHFORK a ce pouvoir de compter parmi les quelques groupes qui provoquent une transe immédiate partout où ils passent. Il faut le voir pour le croire. D'autant plus que le public n'a pas 25 ans. La plupart des visiteurs a la quarantaine, et jusqu'au fond de la salle, ils lèvent les bras et chantent à tue-tête.
Est-ce le fait de les voir quatre fois l'an, ou le simple fait de ne plus avoir un centimètre carré d'air frais dans toute la salle, mais la performance lasse. Pourtant, PROJECT PITCHFORK sait y faire, avec ses installations lumineuses de 3 mètres de haut, la symétrie parfaite des claviers et des désormais fameuses deux batteries (oui parce que trois, au Kulttempel, ça ne rentrait pas). Mais du fond de la salle, le son devenait une mixture monotone et la vue était... bouchée. Hormis sauter sur place, on ne pouvait pas danser. Bref, le contexte n'était pas des plus agréables. Le groupe enchaîne néanmoins les tubes et plus le temps passe, plus Timekiller se fait attendre. Il y a 6 mois, elle était encore jouée en 3e ou 4e position. Cette fois, il faut attendre Titânes, Rain, Acid Ocean, What Have We Done et une dizaine de titres avant l'embrasement. Pour ma part, j'ai fini la soirée au bar, un peu soûlée de tout ce bruit et de ne rien voir.