Punish Yourself + Herrschaft + Kamera Obscura @ Le Réacteur - Issy-les-Moulineaux (92) - 20 octobre 2018

Live Report | Punish Yourself + Herrschaft + Kamera Obscura @ Le Réacteur - Issy-les-Moulineaux (92) - 20 octobre 2018

Pierre Sopor 22 octobre 2018 Pierre Sopor

Cette soirée du 20 octobre 2018 était sans pitié pour les petits coeurs flétris et les âmes tourmentées des franciliens : alors que PUNISH YOURSELF faisait trembler le 92, les cultissimes TETINES NOIRES faisaient chavirer Paris, le groupe de metal ethnique ACYL jouaient dans le 78 et CARPENTER BRUT faisait groover le 77. Il fallait faire un choix, impossible, invivable, cruel et déchirant, mais nécessaire. Va pour la bagarre fluo, avec en plus KAMERA OBSCURA et HERRSCHAFT, deux groupes qui nous sont chers et que les parisiens connaissent bien.

KAMERA OBSCURA

KAMERA OBSCURA est un groupe bien trop rare sur scène : un concert par an à Paris en moyenne, et quelques autres ici ou là. On est donc particulièrement gâtés puisque leur dernier passage sur une scène de la capitale remonte à quelques mois et leur mémorable release-party de l'excellent The Final Cut (chronique). Cet album, plus lourd, plus doom, plus glauque que les sons électroniques et industriels de ces prédécesseurs est d'ailleurs à l'honneur ce soir-là. La scène du Réacteur (qui a ENCORE changé de nom) est ample et il y a de la place pour la déco : parmi les instruments posés sur scène trônent quelques mannequins, type magasin de fringues. Ceux qui s'attendaient à un défilé de mode ont dû être déçus et feraient mieux de réviser leurs classiques : chaque morceau est ici lié à un film d'horreur ou de SF, et Maniac, qui conclue le set, est à l'honneur. Les musiciens s'approprient rapidement le vaste espace de la scène face à un public déjà nombreux. Peut-être que cela vient de la taille de la scène, ou plutôt de l'absence de véritable écran, mais pour une fois les extraits projetés derrière le groupe se font bien moins remarquer, jusqu'à devenir quasi invisible par moments. Mais le show propose une ambiance toujours réussie, chaque titre ayant son code couleur et les musiciens déploient une belle énergie en occupant l'espace, alors que Cécile se contorsionne et grimace, vivant le concert comme on vit un exorcisme (c'est plutôt mouvementé, quoi). Les morceaux récents comme Texas Chainsaw Massacre et Lucifer Rising se fondent à merveille parmi les classiques que sont Flesh Eaters ou Interceptor, et la désormais habituelle reprise de Christian Woman colle parfaitement à l'univers de KAMERA OBSCURA, gothique, lourd et décalé. TYPE O NEGATIVE, c'est quand même vachement plus cool que les BEATLESKAMERA OBSCURA est toujours un plaisir à voir jouer sur scène, et si l'ambiance obscur et cinématographique était moins au premier plan, elle était remplacée par une nouvelle énergie, un côté plus physique en adéquation parfaite avec une soirée qui s'annonce mouvementée.

Setlist : 
01. Flesh Eaters
02. Texas Chainsaw Massacre
03. Beyond the Valley of the Dolls
04. Interceptor
05. I Spit on Your Grave
06. The Howling
07. Obey
08. Christian Woman
09. Lucifer Rising
10. Maniac

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HERRSCHAFT

Après les riffs pesants et menaçants de KAMERA OBSCURA et son ambiance horrifique, HERRSCHAFT arrive pour se faire trémousser un public qui s'amasse devant la scène. Incontournables de la scène indus parisienne, HERRSCHAFT a sa cohorte de fidèles et le concert a quelque chose d'une réunion de famille. C'est un peu un rituel dont on connaît le déroulement et auquel on se prête toujours avec plaisir. Infatigables, les HERRSCHAFT ont été jusqu'à envahir la scène du Wacken l'été dernier et on leur souhaite de tout coeur de continuer sur cette lancée. Ce soir-là, Max se pointe comme d'habitude sur scène planqué derrière ses lunettes noires et en veste de costume, deux accessoires qui ne tiennent jamais plus de quelques titres. Le metal indus de HERRSCHAFT est à la fois agressif et festif : la preuve, le groupe met toujours le paquet sur les gadgets. Ici, ce sont les confettis, le faux sang, les gerbes d'étincelle et même un peu de peinture fluo histoire de nous mettre dans l'ambiance de ce qui suit. La machine à fumée, par contre, a plus de mal à remplir le vaste espace du Réacteur, et aucun gode géant n'est brandi pendant How Real Men Do. C'est que HERRSCHAFT deviendrait un show familial ? Voilà qui expliquerait cette aimable toge que revêt Max, son crucifix brandit... comment ne pas faire confiance à un type en toge ? En fait, c'est un peu la messe quoi. Sauf qu'on est samedi, et vue la claque qu'est en train de coller la soirée, ça risque de roupiller sévère sur les bancs de l'église le lendemain. Le show est rôdé, bien ficelé, fun et bourrin : pas étonnant que ce groupe soit devenu aussi incontournable au fil des ans, réussissant à évoluer voire carrément à se transformer avec le temps. Par contre, sérieux, dans tout ce show son et lumière, c'est laquelle des machines qui sent les oeufs pourris ? C'était irrespirable à la fin du set !

Setlist :
01. Kommando 96
02. Kimi Ga Yo
03. How real Men Do
04. I am the One
05. Rat in Cage
06. Endlessly Revolving
07. But I know
08. Bloodpulse
09. You Spin me Right Round
10. Gates to Dreams

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PUNISH YOURSELF

La dernière fois que PUNISH YOURSELF a joué au Réacteur, ça s'appelait tout simplement l'Espace Icare, c'était en 2015 et la soirée a été un bordel tellement mémorable qu'en réalité, le lendemain, peu de gens devaient en avoir des souvenirs très nets. Nouvelle étape d'un Pig Data Tour qui n'en finit pas, Issy-les-Moulineaux va donc encore une fois être victime de la tornade fluo. Le sac à vin qui braille "PUNIIIIIIIISH" toutes les 10 secondes avant que le concert ne commence plante le décor : ça va encore être n'importe quoi (par respect pour le sac à vin en question, on précisera avec élégance qu'il a été encore plus relou pendant le show qu'avant). Le groupe débarque comme d'habitude depuis un an sur Spin the Pig, et là, double moment de flottement : toute la salle semble mettre précisément 40 secondes à se réveiller et surtout... Ils ont encore tout changé dans PUNISH YOURSELF ! Déjà que la salle a changé de nom (enfin, en vérité, on n'y comprend pas grand chose au nom de cette salle), que le groupe a été très sérieusement soupçonné d'avoir remplacé son chanteur, en douce (rappel), voilà qu'ils se pointent avec de nouvelles couleurs et que Klodia a momentanément laissé sa place à Hikiko Mori de BAD TRIPES : on va pouvoir alimenter de nouvelles théories complotistes ! Enfin, nouvelles couleurs, pas d'emballement : si vx est désormais rose foncé, Pierlo, lui, est toujours bleu. Cet homme ne porte rien d'autre. C'est qu'on a des principes. On reste néanmoins relativement en terrain connu : ça saute dans tous les sens, on prend des beignes, le mec qui hurlait PUNIIIIIIIISH passe le concert à s'effondrer au premier rang sur tout le monde et faire chier ceux qui se castagnent tranquillement, on se reçoit des gens au coin de la gueule toutes les deux minutes, on ressort dégueulasse et le sourire aux lèvres. D'ailleurs, en parlant de sourire, le public avait la banane pendant tout le show, rarement une fosse aussi turbulente a également été aussi bienveillante : tout le monde avait l'air très gentil, même si beaucoup d'habitués nous faisaient des infidélités ce soir en allant voir les TETINES NOIRES (on peut les pardonner). Si le Vietnam s'était passé comme un concert de PUNISH YOURSELF, y'aurait surement eu plus de morts mais les survivants en seraient ressortis vachement plus apaisés. Les titres les plus punks du dernier album comme Backlash ou Blacksunwhitebones provoquent un chaos monumental que concurrencent les classiques tels que See You Later Alligator ou ce Suck My TV repris gaiement en choeur par tous les zozos présents. Entre temps, This is my Body this is my Gasoline achève tout le monde. Sans Klodia, on y perd un peu niveau visuel, forcément, mais Hikiko Mori semble bien s'éclater sur scène et sa voix rocailleuse de folle à lier apporte un vent de putréfaction bienvenu. Niveau voix, il faut tout de même qu'on prenne le temps de parler de celle de Xav, devenu guitariste depuis le départ de Miss Z : elle est vraiment trop dark ! Le gars, quand il fait des backvocals sur quelques refrains, on a l'impression de se faire engueuler par Lemmy. Station in Space n'a jamais sonné aussi velue.
On le sait : à l'exception du saucisson qui en a deux, toutes les bonnes choses ont une fin et celle du concert laisse tout le monde sur les rotules. On en a pris plein les oreilles, plein les côtes, plein la tête, plein les yeux, le sol du Réacteur est recouvert de flaques et déchets divers (merci à HERRSCHAFT pour les confettis), le public trempé titube, hagard et sonné. Il existe bien peu de groupes capables de proposer ce qu'offre PUNISH YOURSELF, un rassemblement à la fois violent et convivial, radical, déviant et fédérateur tout en ayant ce petit côté familial, avec un groupe qui assure un show irréprochable et totalement barré, d'une générosité rare. On s'y sent tellement bien, là, au milieu des odeurs, du tumulte, des cris et des corps tellement luisants qu'on n'arrive plus à les rattraper quand ils slamment. Alors que la salle se vide lentement, qu'on est tous très contents d'avoir encore une fois perdu dix litres et trois kilos et qu'on attend impatiemment la prochaine, un homme seul se dresse plus ou moins vaillamment devant la scène, s'appuyant sur les retours. Il a un message à faire passer. Malgré la fatigue, malgré les coups qu'il a pris, malgré le fait qu'il ne tienne plus debout, il l'assume. Contre vents et marées, il continue de faire retentir ses PUNIIIIIIIISH. Finalement, à ce niveau, ça force le respect...

Setlist :
01. Spin the Pig
02. See You Later Alligator
03. Backlash
04. CNN War
05. Rock'n'roll Machine
06. Station in Space
07. Lo-cust
08. Blacksunwhitebones
09. Gimme Cocaine
10. Sexy
11. Shiva Only is God
12. Dies Irae
13. Zmeya
14. This is my Body this is my Gasoline
15. Worms
16. Primitive
17. Suck my TV

 

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