Horskh
Au fil du temps, quelque soit l'époque, il existe une constante universelle : suivre PUNISH YOURSELF en concert, c'est la garantie d'avoir droit à des premières parties mémorables. Il fut un temps on avait par exemple droit à SIDILARSEN ou TAMTRUM, et sur la tournée actuelle il n'est pas rare d'y trouver SHAÂRGHOT ou, comme ce soir, HORSKH. On vous racontait déjà quelle claque magistrale on avait reçu de leur part lors de la soirée des 15 ans du label audiotrauma à Paris (report).
C'est face à un public qui arrive tout doucement que le duo démarre son set en allant droit au but en balançant Strayed Away d'entrée. Difficile de faire plus efficace. La suite est pourtant tout aussi folle, avec Bastien qui cavale dans tous les sens, lâchant ses machines pour attraper sa guitare ou cogner lui aussi sur des trucs pour accompagner son Briou de batteur en fin de set. Le son est monumental, empruntant au hardcore, à la dark electro et à l'indus et la gestion des lumières qui l'accompagnent est parfaite. Qu'il s'agisse de créer l'ambiance rouge renvoyant aux visuels du groupe ou de balancer des strobs particulièrement pertinents et bien employés, tout est justifié et élégant. Les deux musiciens de Besançon proposent aussi bien des titres de Gate, leur excellent premier album (chronique), que d'autres plus ancien, notamment un Magma bien sauvage, ou une interprétation particulièrement puissante de Host. Ce qui est bien avec HORSKH, c'est qu'il n'y a aucun moment plus faible, aucun temps mort, le show est intense de bout en bout : Victim, Engaged and Confused, Damaged Ropes : ça cogne très fort !
Quand arrive la fin du set sur Morbid Positiv, on se dit que le temps est quand même passé vachement trop vite, et pourtant on ne va pas nier notre impatience de voir PUNISH YOURSELF. HORSKH était énorme, comme d'habitude et les non-initiés qui n'étaient pas en retard ont pu s'en rendre compte !
Setlist :
01. Strayed away
02. Victim
03. Host
04. Intruder
05. Atmosfear
07. Magma
08. Damaged Ropes
09. Trigger
10. Engaged and confused
11. Morbid positiv
PUNISH YOURSELF. Les patrons. C'est comme ça. On pourrait s'arrêter là, l'essentiel est dit mais vu le pied qu'était cette incroyable soirée, laissons libre cours aux dix boudins qui me servent de doigts.
PUNISH YOURSELF a toujours été un groupe à part, créant un lien spécial avec son public, les concerts des toulousains devenant des sortes de rituels familiaux où on s'éclate comme rarement. Ce qui explique la tournure personnelle un peu particulière de ce report : il faut contextualiser la chose ! Pour ma part, j'ai dû les voir une vingtaine de fois (à la louche), et au-delà de la musique je leur dois un paquet de souvenirs totalement fous, drôles et bizarres mais aussi de nombreuses découvertes musicales et quelques amis. Ouais, un concert de PUNISH YOURSELF comme ciment d'une amitié ou comme base à partir de laquelle grandir et se forger, ça fait frémir. Et puis là, PUNISH YOURSELF revenait jouer à Vauréal pour défendre leur album Spin the Pig (chronique).
Vauréal.
Quelques lignes plus haut, j'évoquais les souvenirs liés aux concerts de PUNISH YOURSELF : ils ont en effet tous leur lot d'anecdotes et de délires à raconter en soirée, mais Vauréal a droit à une place à part. En octobre 2007 (bigre, il y a dix ans), le groupe fluo s'y produisait alors que vx69 avait encore les côtes entourées d'un chouette bandage glorieusement obtenu au cours d'une figure acrobatique plagiée et popularisée depuis par SHY'M. Je crois que c'est la première fois que je voyais ce monsieur garder son pantalon tout le long du concert. Même si ça peut paraître évident pour certains, à l'époque réussir tout un concert en gardant son pantalon n'était pas gagné. Au moment de quitter la salle, un copain avec une voiture raccompagne vx, embarque au passage par charité une illustre inconnue qui ne cessait de vomir par la fenêtre du véhicule, et, faute de places restantes, laisse grimper un autre copain dans le coffre. Le type a fait le trajet en ponctuant chaque dos d'âne d'un "AIE !". Là où les choses deviennent rigolotes, c'est que quand ce zozo a plongé dans le coffre les pieds devant, vx avertissait "attention les gars, y'a mon disque dur dans le coffre avec tous les morceaux du nouvel album". Le lendemain, sur le forum de PUNISH YOURSELF, un message du chanteur mentionnait "un disque dur qui ne démarre plus".
Voilà. C'est un exemple d'anecdot qui explique pourquoi le simple mot "Vauréal" m'évoque immédiatement le chaos fluo. Il fallait donc marquer le coup. Et si on célébrait Spin the Pig comme il se doit, en apportant une poignée de cochons gonflables qu'on aurait peints en fluo, et qu'on balancerait dans le public ? Ouais allez, et tant pis si ça n'accroche pas du tout sur le plastique et si en séchant ça en fout partout.
Quand PUNISH YOURSELF arrive sur scène, on est déjà bien réveillés par HORSKH et c'est presque un soulagement de les entendre démarrer sur Spin the Pig : on peut enfin libérer nos cochons tout dégueulasses et même pas secs sur le public et profiter du spectacle. On avait un peu peur après le départ de Miss Z, mais on s'aperçoit immédiatement qu'on tremblait pour rien. Les PUNISH YOURSELF ont rarement été autant sur scène, puisqu'en plus de Klodia présente tout le long pour assurer les back vocals, on note la présence d'un synthé. Tout le monde est bien en place, et quel bonheur de retrouver ces peintures fluo après une mémorable tournée en noir et blanc ! Vx69 a réussi l'improbable exploit de se faire pousser des dreads à la Predator en l'espace de quelques jours (mais si, on y croit) et ça apporte à sa dégaine une présence plus massive qui va bien avec l'orientation musicale actuelle du groupe.
On l'avait compris en écoutant Spin the Pig : PUNISH YOURSELF est plutôt énervé en ce moment. Au point d'enchaîner Spin the Pig, See You Later Alligator et Backlash avant de calmer un peu le rythme sur Primitive. Alors moi je veux bien faire un live report et tout ça, c'est super important, faut rester professionnel, patati-patata. Mais y'a un moment, faut arrêter les conneries : comment vous voulez que je reste à faire des photos alors que 1) ils jouent à la suite There's no End to This, Rock'n'Roll Machine et Lo-Cust, 2) y'a des saloperies de cochons dégueulasses plein de peinture qui viennent se coller dans mes cheveux, dont un peint en noir qui s'appelle Charlotte pour d'obscures raisons (bisou à celles et ceux qui comprendront) et 3) y'a le fondateur de ce putain de webzine qui n'arrête pas de me rentrer dedans et me pousser dans tous les sens. Du coup, fini les photos après une poignée de titres, parce que merde : un concert c'est aussi fait pour en sortir en miettes.
Et c'est là un autre aspect essentiel d'un concert de PUNISH YOURSELF : l'ambiance dans le public a toujours été totalement folle. Les gens se connaissent, tout le monde s'éclate, il y a toujours quelques tout jeunes pour faire baisser une moyenne d'âge qui ne fait qu'augmenter. Mieux : avec le temps, l'esprit est devenu réellement familial et sympathique, y'a vachement moins de gens qui s'écroulent ou de relous qui embêtent tout le monde. Mais attention, ça ne veut pas dire que ce n'est pas la méga bagarre : comment rester stoïque quand un type peint en vert fluo braille "Even fire is on fire !" dans ce qui pourrait être le meilleur morceau de MINISTRY si Jourgensen y avait pensé plus tôt ? Violence toujours avec CNN War ou la vraiment très très sauvage This is my Body This is my Gasoline alors que la soirée commence à de plus en plus avoir l'odeur du réveil difficile.
"Bon, qui c'est qui a apporté ces cochons, putain ?" demande vx69. Bim, un cochon gonflable en pleine tronche pour lui (bravo au lanceur) ! Ah, qu'est ce qu'on se bidonne. Allez savoir pourquoi. PUNISH YOURSELF, ce n'est pas Patrick Sébastien pourtant : la musique est violente, les paroles sombres et inquiétantes. Et pourtant, tel un maître d'école résigné par la turbulence de ses sales gosses d'élèves, vx doit se rendre à l'évidence : ce public là est le plus con, le plus beau et le plus cool du monde (après tout, on a les fans qu'on mérite). Il y a peu d'endroits sur Terre où on se sent aussi bien que dans la fosse à un concert de PUNISH YOURSELF. En guise de conclusion, le groupe enchaîne Sexy et Suck my TV, juste histoire d'être sûr d'achever les quelques survivants (en plus, y'a des batteurs de HORSKH qui s'amusent à escalader les dos des honnêtes gens, où va le monde bordel ?).
PUNISH YOURSELF c'était totalement dingue, surpuissant, maîtrisé de bout en bout, avec les habituels petits shows pyrotechniques si jolis (nan, pas de photos, j'vous ai dit, c'était la bagarre) et absolument jouissif. On avait l'habitude que le groupe ne joue plus Gay Boys in Bondage, on a été surpris de ne pas avoir droit à Enter me Now : la setlist se renouvelle et on ne va pas se plaindre (même si quand même, Enter me Now les gars !). Bref, après environ deux ans sans tournée, la petite piqûre de rappel était nécessaire : ces gens-là sont bien trop précieux à notre petite scène qui nous est chère, et le plus dingue c'est qu'ils continuent de se bonifier. Alors merci à eux, merci au Forum de Vauréal pour la programmation et merci à tous les mabouls dans le public, c'etait mémorable.
PS : vous verrez dans la galerie une photo prise par le sympathique Zildjian Unkle pour Warm TV (page facebook), qui nous en a gentiment fait cadeau, merci à lui aussi ! Vous y découvrirez qu'un des cochon porte les initiales VRDA... V, R, D, A, hmmm, on se demande bien ce que ce cochon essaye de nous dire.
Setlist :
01. Spin the Pig
02. See You Later Alligator
03. Backlash
04. Primitive
05. There's no End to This
06. Rock'n'roll Machine
07. Lo-Cust
08. Blacksunwhitebones
09. Gimme Cocaine
10. CNN War
11. Dies Irae
12. Zmeya
13. This is my Body This is my Gasoline
14. Worms
15. Sexy
16. Suck my TV