Punish Yourself + Horskh @ Le Forum - Vauréal  (95) - 17 mars 2023

Live Report | Punish Yourself + Horskh @ Le Forum - Vauréal (95) - 17 mars 2023

Pierre Sopor 20 mars 2023 Pierre Sopor

Un peu comme un appel du destin, un truc instinctif enfoui en nous depuis les ans et qui nous appelle de temps en temps, nous avons repris la route de Vauréal, parce que nous le valons bien (pardon) mais aussi parce que l'affiche promettait de belles choses. Remake d'un concert de 2017 (souvenez-vous), Punish Yourself et Horksh revenaient sur la scène du Forum, une des plus "grandes petites salles" d'Île de France : une soirée indus comme on aime, bien énervée, avec des surprises, de la nouveauté et de belles couleurs.

HORSKH

Depuis son dernier passage au Forum, Horskh a bien grandi et nous avons eu le plaisir de suivre l'évolution du projet au fil des ans. Le duo est devenu trio avec l'arrivée d'un guitariste, le son a gagné en épaisseur et le groupe a pu cavaler sur quelques grandes scènes (Trianon et Zénith pour les parisiens) lors de premières parties mémorables avant Igorrr et Carpenter Brut. On pensait connaître le rituel, fait de mandales stroboscopiques, de beats ultra-agressifs et d'énergie explosive et pourtant, le voilà chamboulé. Adieu Strayed Away en intro, Horskh continue d'avancer et nous prend à la gorge avec une poignée de nouveaux titres plus metal indus que gros clubbing de fin du monde. On retrouve tout de même pas mal de classiques indispensables : Damaged Ropes, Intruder, Mud in my Wheels ou Engaged and Confused sont toujours de la fête pour le moment et on les a d'autant plus appréciés qu'on est conscients que de nouveaux morceaux arrivent pour, peut-être, prendre leur place.

Ce qui ne change pas, c'est la folle énergie qui s'en dégage et cette efficacité immédiate : la recette de Horskh fonctionne à merveille, entre la violence frénétique de la musique et cette voix si particulière qui, contrairement à nombre de groupes d'indus, ne disparaît pas entièrement derrière des effets pour mieux laisser s'exprimer les émotions rageuses des morceaux, leur donnant ce côté viscéral tout particulier. Ainsi, Horskh réussit un chouette grand écart entre un son electro-metal rentre-dedans sans concession mais néanmoins accrocheur et facile à apprécier, communicatif, et où subsiste de fortes traces d'humanité. L'humanité, on est d'ailleurs ravis de la trouver plus présente au Forum que sur des scènes comme le Zénith : plus de proximité, un show lumière moins radical qui permet d'apprécier les dégaines de monstres gothiques créées par le maquillage des trois musiciens... bref, un plaisir renouvelé et, à nouveau, cette impression de voir Horskh grandir et progresser encore et toujours. Gardons les yeux ouverts de leur côté : du neuf ne saurait tarder !

Setlist :
Body Building
Tension
Intruder
Cut the Knot
Victim
Damaged Ropes
Tainted
Strobes
Mud in my Wheels
Host
Interface
Engaged and Confused
Trying More

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PUNISH YOURSELF

Il y a quelques années, on a senti comme un flottement du côté de Punish Yourself. Un album mal aimé ("mais bon sang, quelle injustice !" braille-t-on encore à qui veut l'entendre), une tournée en noir et blanc, le départ de Miss Z... Spin the Pig est arrivé et a apporté un second souffle certain au groupe avec un line-up remanié et un son plus punk, plus rentre-dedans, moins festif finalement. Alors que les contours d'une nouvelle ère se dessinent à l'horizon, Punish n'a toujours pas choisi la stagnation. Avant même le début du concert, on peut en apprécier la nouvelle scénographie pensée par Singe Savant, auteur de l'artwork du récent EP DEATH GLAM X X I I I (chronique). L'univers est familier et pourtant différent : les crânes fluos s'amoncellent désormais autour de totems-épouvantails faits de bric et de broc qui posent une atmosphère post-apocalyptique tribale évidemment parasitée par les couleurs fluos... On comprend vite l'esprit de ce KALI-YU-GLAM TOUR, quand le Kali Yuga ("l'âge de fer" hindou, également âge sombre et fin de cycle) se pare de paillettes. La fête pendant la fin des temps et la déchéance de l'Humanité : ouais, c'est ça Punish Yourself, on danse dans les ruines, on célèbre nos morts et on s'en fout si tout se pète la gueule (c'est même tant mieux !).

Se péter la gueule, c'est un truc fréquent à un concert de Punish. Dans la fosse, certes, mais aussi sur scène, où il s'en passe de belles et où tout ce joli monde doit tenir et remuer dans un espace réduit. Punish your scène, tiens : du feu, du rose, du vert, du bleu, des bleus : on en voit de toutes les couleurs. Côté set, on est servis par une sorte de best-of auquel se greffent les nouveaux titres. Commencer avec Gun et Spin the Pig, c'est indécent et on frôle le claquage d'entrée. On associe souvent Punish Yourself aux gros hits techno-punk survitaminés : c'est oublier les influences multiples, criantes sur les derniers titres, mais aussi les morceaux plus atmosphériques (Enter me Now, Shadowsteelplastic, Mothra Lady, Sexy), où le danger séduit et la mélancolie pointe parmi les couleurs. Alors qu'on en prend plein les mirettes, on peut s'amuser à épier les petits détails, ces trucs qu'on ne remarque pas toujours dans le chaos d'une fosse : les sourires qui s'échangent, notamment celui XXL de Mikaël Charry derrière ses machines, la coolitude absolue de Pierlox à la guitare et son habituelle posture "les mains derrière la tête", le masque so glam noir brillant de Xav, les petites vestes de vx et Klodia qui leur donnent une élégance décalée, la décontraction de l'ensemble. On est bien, là, à se punir et le plaisir est communicatif, malgré des crash barrières qui, forcément, limitent un peu l'interaction... Il n'y a pas de corps à moitié écrasés sur scène cette fois, mais on profite autrement du show !

Le set défile à toute allure, avec la générosité et la rage habituelle : on aurait presque tendance à oublier que ça va faire quatre ans que Punish Yourself ne tournait plus vraiment, à l'exception de dates isolées (ce foutu covid et ses deux années disparues dans un vortex temporel). Ça fait un bien fou de retrouver ce groupe atypique, toujours aussi fou et partant pour partager son énergie avec son public, que ce soit dans une grande salle ou dans d'improbables recoins au-delà du périph. Avec une nouvelle déco et de nouveaux morceaux, on attend désormais une vraie grosse tournée histoire d'y retourner encore et toujours ! 

Setlist :
Gun
Spin the Pig
Jug
Rock'n'Roll Machine
I Like It
L4T
CNN War
Mothra Lady
This is my Body, this is my Gasoline
Knife
Shadowsteelplastic
Black Sun White Bones
Enter me Now
Die-s-i-ray
Sexy
Night Club

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