the GazettE a sorti son huitième album-studio le 26 août 2015. Intitulé 'DOGMA', le groupe japonais fait avec lui les choses en grand et en beau ! Le disque s'inscrit en effet autour d'un dessein conceptuel plus global nommé 'Project : Dark Age' qui marque le treizième anniversaire du groupe. Ce projet, lancé dans le courant du mois de mars 2015, se décline intentionnellement en treize sous-projets représentés graphiquement par le logo, un dodécagone cerclé. Le cercle additionné au polygone à 12 traits symbolise le treizième. Ce choix graphique, motivé par l'âge du combo est indéniablement bien pensé puisque qu'un polygone étoilé à 12 branches est culturellement associé aux rameaux terrestres, eux-mêmes symbolisant la mesure du temps (durée, âge). Ces sous-projets d'abord titrés par l'appellation commune 'mouvement' — la notion de temps est un corollaire de la notion de mouvement — et différenciés en nombres ordinaux, sont dévoilés en détails au compte-gouttes. L'album 'DOGMA', soit le premier mouvement (identifié à l'extrême nord sur le logo), est la pièce maîtresse du puzzle autour de laquelle s'articulent d'autres éléments textes et audiovisuels créés en collaboration avec |18 artistes|. Musicalement, cet album est un parfait mélange entre Iowa de SlipKnot pour sa lourdeur, Dum Spiro Spero de DIR EN GREY pour son schéma atypique et Holy Wood de Marilyn Manson pour son esprit ésotérique.
Le 28 février 2016, the GazettE a donné un concert au Yoyogi National Gymnasium, un palais des sports connu pour la forme de son toit en suspension, très impressionnant. Situé dans le parc de Yoyogi près de Harajuku à Tokyo, le gymnase avec sa capacité de 14 000 places (gradins et fosse) affichait complet depuis le mois de janvier. Autant dire que le final du Dogmatic Tour 2015-2016, le cinquième mouvement du projet Dark Age, était attendu de pied ferme. Et enfin, le voilà !
À 18h00 tapante, après l'annonce des règles de sécurité, le rideau tombe : des images noires, telles qu'elles sont habituellement montrées dans les trailers promotionnels des différents mouvements de Dark Age, défilent devant l'écran géant situé en haut de la scène. En accord avec la thématique de la soirée, à savoir le noir intense (shikkoku), ces images sont rythmées par la mystique 'DOGMA'. L'articulation de la vidéo, autant le son que l'image, couplée à l'acoustique de la salle dote au concert une dimension cinématographique étonnante, très appréciable. Cinq jets de lumières sont ensuite diffusés de bas en haut de part et d'autre de la salle laissant apparaître les membres du groupe : REITA, RUKI, KAI, AOI, UHARA.
the GazettE joue donc le titre d'ouverture aux quatre coins de la salle : seul le batteur est sur la scène principale, les autres sont sur des mini-plateformes en hauteur proches des gradins (deux au milieu, droit/gauche ; deux au fond, droit/gauche). Cette configuration atypique fait exploser de joie le public. Personne ne s'y attendait. L'effet de surprise fait mouche. C'est le chanteur RUKI qui se tient en face, à trois mètres environ, des invités dont VerdamMnis fait partie. Le groupe est habillé en noir de la tête aux pieds, la couleur noire étant le mot clef du concept de la soirée. La chanson se termine tandis que les quatre membres se font engloutir sous les plateformes. C'est alors que 'the GazettE' apparaît en grand sur l'écran. Le groupe jouera ensuite sur la scène principale du Yoyogi National Gymnasium tout le concert restant.
Et quel concert ! La mise en scène est absolument fantastique, flamboyante et épique. On est vraiment immergé dans cette atmosphère ésotérique, presque satanique : beau, classe et si froid à la fois. Le caractère remarquable de la mise-en-scène ne s'arrête pas là : feux d'artifice, fumigènes, stroboscopes, tous les ingrédients pour donner corps à un spectacle sont présents. C'est un véritable festival pour les yeux ! Le jeu de lumières est véritablement surprenant tant il est inattendu : la combinaison des couleurs, son rythme changeant, sa puissance, ses formes. Il n'est jamais à l'identique, il change du tout au tout très rapidement. C'est un spectacle à lui seul. L'équipe artistique derrière le projet Dark Age ne lésine sur aucun support ! Tout est méticuleusement soigné, maîtrisé. Lorsque les termes 'PAIN-GRUDGE-SORROW-FURY DELETE-HEADACHE-HANG UP-DIZZY' apparaissent en vert fluo à l'écran, rythmés sur les touches électro du titre dont ils sont tirés, VENOMOUS SPIDER’S WEB, le public monte d'un cran en tension.
L'écran fera ensuite apparaître de magnifiques et hypnotisants mouvements d'eau rouge sur l'un des titres phares de DOGMA, 'BIZARRE'. Des plans macro de fleurs en éclosion, plus belles les unes que les autres, sont par la suite mises à l'honneur, filmées au ralenti, puis alternées succinctement par des plans d'eau déclinés sous ses différentes formes (vagues, courants, gouttes). Avant la fin du premier set, on retrouve des réminiscences cinématographiques, l'atmosphère onirique et noir du court métrage qui défile sur l'écran rappelle la scène de la soirée masquée de Eyes Wide Shut.
Du premier rappel jusqu'à la fin du second, la soirée évolue : le ton est maintenant à la fête ! 'Suck My Beast' apparaît à l'écran, les premières notes de 'INSIDE BEAST' se font entendre. Le public devient euphorique. La tension va monter ainsi crescendo sans interruption jusqu'à la fin. Tout le monde headbang, gigote, danse, chante. Des regards complices s'échangent. Lorsque RUKI prend la parole, les sourires suivent. La soirée, orchestrée d'une main de maître, s'achèvera finalement par un lâcher de confettis et les remerciements de chacun des membres du groupe. Le concert sortira en DVD, une aubaine si vous n'avez pu y assister. the GazettE sera aussi en Europe en juin (et dans le monde entier). Ne les loupez pas !