Les portes n'étaient pas encore ouvertes que la rue Boyer, déjà, débordait de monde malgré le froid, malgré les grèves. VNV NATION fait partie de ces projets que l'on ne rate pas en live et TRAITRS, en première partie, mérite déjà son lot de fidèles : encore une fois l'affiche proposée par Persona Grata (allez donc mirer leur impressionnante programmation) fait dans le qualitatif et associe la légende irlandaise au jeune duo canadien de cold wave.
TRAITRS
Les parisiens ont déjà eu l'occasion de faire connaissance avec le projet de Sean-Patrick Nolan et Shawn Tucker, passés plusieurs fois par l'International, situé à quelques minutes de marche et les deux artistes ont droit à un accueil chaleureux dès le début. Tant mieux, leur musique aux inspirations cold wave et post-punk, entre BAUHAUS et la mélancolie de THE CURE dans ses périodes les plus froides, le mérite bien. Sur scène, TRAITRS gagne cependant quelques couleurs supplémentaires : l'alchimie entre les deux est palpable, il y a de la complicité, des petits sourires qui ne trompent pas. La formule roule et les attitudes sont complémentaires : aux claviers et machines, Nolan fait preuve d'une belle expressivité et d'une énergie communicative alors qu'au chant, Tucker, lui, contient les ténèbres de ses textes derrière la mèche qui lui cache une partie du visage pour les faire éclater lors de quelques explosions plus nerveuses et démonstratives. Il y a chez TRAITRS cet équilibre entre introspection douce-amère et potentiel tubesque qui fait mouche (on pense notamment à des titres comme Thin Flesh ou Mouth Poisons). Le duo accompagne VNV NATION sur l'ensemble de la tournée, ce qui devrait leur permettre de poursuivre leur ascension...
VNV NATION
Un concert de VNV NATION a quelque chose de la réunion de famille : on y retrouve, d'années en années, des visages familiers. Les rides se creusent, les cheveux blanchissent et tombent, mais la fidélité au projet du désormais seul Ronan Harris (entouré de musiciens live) reste. Il faut dire qu'on lui pardonnerait tout à cet oncle souriant, des légères bafouilles dans les paroles de ses chansons aux albums qui se suivent sans que la formule n'évolue vraiment. On est là pour la stabilité, la garantie d'avoir droit à un concert aussi efficace que chaleureux.
Il ne faut d'ailleurs à l'artiste Irlandais qu'une poignée de minutes pour enchaîner les démonstrations d'émerveillement. Le concert a commencé depuis, eh bien, une seule chanson, que déjà il nous mitraille de ses "Woah ! Amazing !". L'enthousiasme est communicatif, comme d'habitude. L'homme semble heureux, comme d'habitude. Il échange, plaisante, n'est pas avare en petits mots français, interpelle ("hey toi, tu vas filmer tout le concert ou tu comptes y participer ? Tu bosses pas pour Youtube !", ce moment où on essaye de se faire petit avec un appareil photo !). Comme d'habitude. Un concert de VNV NATION, c'est un moment où l'on se sent bien pour tout un tas de raison : l'enchaînement de classiques a quelque chose de rassurant, la bienveillance qui se dégage de la soirée est réconfortante mais surtout la bonne humeur de Harris semble donner l'impression qu'il se soucie du bien être de chaque personne dans la salle. On n'est pas dupes : évidemment que ce charisme et cette bienveillance a un côté surjoué, évidemment que chaque soir depuis plus de trente ans ne peut en toute logique pas être aussi exceptionnel, merveilleux, "amazing" et "woah" qu'il le dit. Mais cela fait partie du show et, comme d'habitude, Harris donne énormément à son public.
Côté setlist, on a une nouvelle fois la preuve que VNV NATION est une machine à tubes futurepop, chaque titre est un modèle d'efficacité, que ce soit dans la mélancolie (ce final sur All Our Sins, bien sûr, un titre plutôt récent et pourtant déjà indispensable) ou les morceaux plus agressifs aux racines EBM plus flagrantes (Control, Epicentre, Retaliate, Chrome). VNV NATION est irrésistible, le temps n'a aucune prise sur la voix chaleureuse de Harris ni sur sa générosité. Un concert de VNV NATION est prolifique : le show approche des deux heures avec ses vingt morceaux joués, piochant avec équilibre dans la carrière du groupe en incluant trois titres du futur album Electric Sun, et ses deux rappels. Les fans en ressortent ravis, forcément : on leur a tout donné.