BullRun
Pour lancer cette soirée d'Halloween organisée par Gérard Drout Production à La Boule Noire, BULLRUN a la tâche de chauffer la salle avant la venue de WEDNESDAY 13. Il est probable que le groupe ait été une découverte pour beaucoup de gens : annoncés au tout dernier moment, le jeune trio parisien a beau s'être formé il y a tout de même six ans, ils n'ont pour l'instant à leur actif qu'un seul EP, Dark Amber, qu'ils ont pris le temps de peaufiner avec amour.
C'est donc majoritairement des morceaux de leur EP que se compose leur set, même si on note la présence de quelques nouveaux titres (Redemption Day, When the Smoke is Leaving, My Town). Leur musique, mélange de hard-rock et de metal ancré dans un background très américain est accrocheuse, avec le chant aux tics évoquant parfois James Hetfield et des riffs efficaces. Le public réagit bien, et les trois musiciens semblent bien s'amuser et partagent leur plaisir de jouer sur la scène de la Boule Noire, assurant un show très rock'n'roll, dynamique et vivant.
BULLRUN s'avère être une découverte aussi chouette qu'inattendue, assurant une première partie très sympathique qu'on aura plaisir à retrouver à l'avenir.
Setlist :
01. The Devil in Me
02. She's Coming
03. Redemption Day
04. When the Smoke is Leaving
05. Faster than Light
06. My Town
07. Burn
08. Dark Amber
WEDNESDAY 13
Quoi de plus approprié qu'un concert de WEDNESDAY 13 pour fêter Halloween comme il se doit ? Avec sa musique empruntant à ALICE COOPER, ROB ZOMBIE ou aux MISFITS et son univers plein de monstres plus ou moins effrayants et de soucoupes volante, le frontman des feu-MURDERDOLLS est une valeur sûre si l'on veut s'amuser comme des sales gosses entre goules et zombies.
Ces dernières années, WEDNESDAY 13 avait déjà donné plusieurs concerts à cette même époque à Paris : on se souvient notamment d'un concert au Divan du Monde assez particulier où tout le groupe avait la gastro et faisait des pauses entre les morceaux le temps de, et bien, faire ce qu'ils avaient à faire. Mais à la Boule Noire, WEDNESDAY 13 version 2017 proposait un tout autre spectacle. Il faut dire qu'avec deux derniers albums au son bien plus orienté metal, le show s'annonçait intense. C'est sur la rythmique pesante de What the Night Brings que démarre le concert, alors que le chanteur entre en scène sur un "Happy Halloween !" lancé au public, bâton à la main, menant sa troupe tel un bonimenteur de fête foraine, un chouette maquillage morbide plaqué au visage. Le bonhomme s'est étoffé ces dernières années, et sa présence physique en impose et colle parfaitement au son plus lourd de son groupe. D'ailleurs, en enchaînant avec Scream Baby Scream et Keep Watching the Skies, on comprend vite que WEDNESDAY 13 est plus méchant qu'avant, plus macabre, plus sombre qu'à l'époque plus punk et festive où l'on sautillait sur des titres de Calling All Corpses et Fang Bang.
Comme si sa présence tout en menace et grimaces ne suffisait pas, Wednesday 13 quitte régulièrement la scène et profite que des samples de films d'horreur meublent entre les morceaux pour changer de costume. Le moment le plus mémorable est peut-être Ghost of Vincent Price, introduite évidemment par la voix si atypique du légendaire acteur et sur laquelle le chanteur porte un masque à l'arrière de sa tête et une longue robe noire, dissimulant son vrai visage derrière un deuxième masque. On a du mal à dire quand il est de face ou de dos, mais au-delà de l'effet, on apprécie la mise en scène qui évoque aussi bien Dr. Phibes que House of Wax, deux des films cultes de Price. Sur Serpent Society, sur fond de conspiration reptilienne, il se transforme en une sorte de gourou / sorcier dans une ambiance enfumée tout en rouge et noir du plus bel effet, le masque monstrueux du clip de What the Night Brings sur le visage. Sur Condolences, avec son haut-de-forme et ses lunettes rondes, un bouquin à la main (probablement la Bible, hein, pas le Routard), Wednesday a de sérieux airs de Ozzy Osbourne. L'ambiance vire au funèbre sur un des titres les plus pesants de sa discographie, et c'est en nous adressant ses condoléances qu'il quitte une première fois la scène.
Personne n'est dupe, évidemment, et la dernière partie du show est plus old-school, renouant avec l'horror-punk des albums Transylvania 90210 et Fang Bang, mais c'est sur I Love to Say Fuck des MURDERDOLLS qu'on retrouve le sale gosse qui s'amuse de provocations gratuites et faciles absolument jouissives. Il faut le voir se promener sur scène avec son parapluie orné d'un poing au majeur dressé, se la jouant Mary Poppins déviante. C'est régressif, c'est con, c'est drôle, et seule Bad Things et ses paroles géniales d'agressivité puérile ("I want a car to run over your head
Put it in reverse and do it again / I only want bad things to happen to you", je veux qu'une voiture te roule sur la tête, fasse marche-arrière et te reroule sur la tête / je veux qu'il ne t'arrive que des mauvaises choses) pouvait conclure un tel show, comme l'exige la tradition.
Peut-être bien que WEDNESDAY 13 n'a jamais été aussi bon sur scène. On le connaissait survolté et amusant, on le découvre aussi plus inquiétant, en maître de cérémonie sorti de son caveau. Le show est soigné, les lumières parfois très sombres sont idéales pour une soirée d'Halloween, sa voix est nickel de bout en bout, le line-up semble sortir tout droit de La Famille Addams et tire la gueule toute la soirée comme l'exige leur dégaine, bref : c'était absolument jouissif. Gérard Drouot Production a été bien inspiré de faire venir ces zozos là un 31 octobre : le spectacle semblait continuer sur le chemin du retour puisqu'on pouvait croiser dans les rues pas mal de gens maquillés qui semblaient sortir tout droit du concert.
Setlist :
01. What the Night Brings
02. Scream Baby Scream
03. Keep Watching the Skies
04. Cadaverous
05. Rambo
06. Serpent Society
07. Ghost of Vincent Price
08. Hail Ming
09. Put Your Death Mask On
10. I Want you Dead
11. Condolences
12. Prey for Me
13. I Walked with a Zombie
14. I Love to Say Fuck
15. Bad Things