Le monde est gris, poussif ? Vous sentez comme un petit coup de mou ? Vous avez tenté de lécher la prise électrique mais, très franchement, c'était pas si ouf ? Très bien. On vous entend soupirer d'ici. 8TEMPER, vous avez testé ?
Enjoy...Survive est le premier EP du groupe, qui travaille actuellement sur son album. 8TEMPER attaque fort, le mot-clé étant "exutoire", utilisé par le groupe dans sa présentation. Avec un mélange entre punk, hardtek, hardcore et metal industriel, on ne s'attendait pas non plus à venir beurrer des sandwiches.
L'univers présenté est sombre, les samples qui lancent Darkside sur fond de sirèes apocalyptiques nous le font bien comprendre, l'humeur est à l'urgence. La musique, elle, est survitaminée : 8TEMPER va au cent à l'heure en nous balançant ses rengaines techno-punk en plein tympans. Ces mêmes tympans, d'ailleurs, très vite s'en retrouvent confus : une rapide vérification nous apprend que le groupe vient de Toulouse. Si, aujourd'hui en 2020, on sait tous situer Toulouse sur une carte, c'est pour trois raisons, toutes plus tonitruantes les unes que les autres : le cassoulet, AZF et PUNISH YOURSELF... Et 8TEMPER a manifestement été biberonné au son du groupe fluo, tant on retrouve ce même arrière-goût de mélange d'alcools et de soirées transpirantes qu'ont les albums Disco Flesh Warp 99 et Sexplosive Locomotive, surtout sur les deux premiers titres de l'EP.
Mais limiter leur musique à ses ressemblances avec ses illustres prédécesseurs (les ombres de MINISTRY, ATARI TEENAGE RIOT ou des petits frenchies de MALAKWA se devinent aussi ici ou là, voire RAGE AGAINST THE MACHINE, dans un genre différent) serait bien dommage. Il y a en effet une patate et un groove bien particulier imposé par le jeu de batterie et une basse bien grasse (mention spéciale à la reprise de Venom, avec son chant guttural et ses riffs martiaux bien lourds), une force de percussion héritée du hardcore qui donne à 8TEMPER une impact et une puissance viscérales. Les influences urbaine, du hardcore au hip-hop, donnent également à la musique un côté très concret, ancré dans notre époque. Au rang des influences, les deux grands malades de HO99O9 sont aussi passés par là, comme l'illustre la reprise de Face Tatt, apportant avec eux leur goût pour l'hybridation, le bruit, mais aussi la grosse teuf suintant de rage. Les cinq morceaux défilent, alors que s'y succèdent différentes voix et riffs énervés, et cinq morceaux, ça passe vite quand on s'amuse.
L'ensemble passe à toute berzingue avec un sacré goût de reviens-y. Enjoy...Survive a ce côté accrocheur et frénétique, festif et méchant dont a du mal à en décrocher (sauf ceux qui n'ont pas résisté à l'assaut et qui convulsent dans un ravin, se noyant dans leur bave). C'est une musique parfaite pour se bagarrer une bière à la main, pour passer ses nerfs un soir d'orage et inspirer un grand bol de vie après une journée de merde ou, si vous êtes un savant fou, pour redonner la vie à un tas de chaire morte.