Dans un genre décimé depuis la fin de myspace, surtout en France, A7IE continue à exister. Avec une régularité irréprochable, le projet a continué à sortir des albums, sans disparaître, sans perdre son identité, sans rajouter de guitares ! Occidere Mundi est la nouvelle preuve de la singularité d'A7IE, qui a évidemment digéré ses classiques mais a aussi su se les approprier. La preuve la plus flagrante en est Twist, morceau qui ouvre l'album. Rythmique lourde, beats saturés et l'inévitable distorsion habituelle sur le chant sont de la partie... Mais à la froideur clinique de l'electro dark se greffent à la fois un sens de la mélodie et une mélancolie dans le chant, apportant à la musique un relief et une âme trop rare dans le genre. On le savait depuis l'angoissant Prélude de Distress en 2007, les émotions humaines et les ambiances désespérées n'ont jamais été sacrifiées sur l'autel du dieu dancefloor, faisant au contraire tout le sel d'A7IE. Occidere Mundi ne nous trahira pas sur ce point : certes l'album contient ce qu'il faut de gros hits accrocheurs (The Evil In Us, Occidere Mundi, Face Of Death), mais on reste la plupart du temps dans un mid-tempo totalement assumé et maîtrisé, laissant à la magie (à défaut de terme plus approprié) la possibilité de s'épanouir. Acédie est un nouvel exemple de tout ce qu'on aime dans ce projet : la prise de risque d'un texte en français, une mélodie forte et mystérieuse, de la noirceur, du désespoir. Si A7IE réussit à s'épanouir avec efficacité en respectant les codes du genre, sa richesse réside dans les sentiments humains qui s'y exprime malgré tout, dans les petits détails comme les croassements de corbeau au début de A Dream Within A Dream. Sans cette personnalité forte, Occidere Mundi aurait pu ressembler à un bon album de SUICIDE COMMANDO, mais au lieu de ça il est bien plus. Malgré tout, A7IE réussit encore et toujours, en 2015, à apporter un vent de fraîcheur là où on en a bien trop rarement.
Chronique | A7ie - Occidere Mundi
Pierre Sopor
26 octobre 2015