Comme l'auront certainement remarqué les plus taquins, AHAB n'est pas un groupe qui perd son temps, ce qui peut sembler paradoxal pour un groupe de funeral doom, genre où la lenteur et la pesanteur sont essentiels ! En effet, The Boats Of The Glen Carrig est déjà leur quatrième album, en une petite dizaine d'années. Une productivité qui, jusqu'à présent, a toujours été synonyme de qualité. La musique des allemands est à l'image de l'océan qui les passionne et les obsède tant : torturée, abyssale, fascinante, imprévisible et orageuse. Se replonger dans cet univers par une sombre soirée pluvieuse, seul, fait partie des petits plaisirs de la vie
Les cinq morceaux (ou six, en comptant le bonus) qui composent The Boats Of The Glen Carrig dépassent en moyenne la dizaine de minutes, nous garantissant une longue plongée en eaux troubles. C'est pourtant de manière douce que s'ouvre The Isle, alors qu'un chant clair nous accompagne comme une lamentation lors des trois premières minutes avant que les choses sérieuses ne commencent. Sorte d'ode funèbre, cette première partie de morceau est l'entrée en matière qu'il nous fallait, créant un contraste saisissant avec ce qui suit. Telle une ancienne divinité engloutie, AHAB s'éveille lentement et nous écrase de tout son poids, de toute sa puissance. Cependant, on se rend vite compte que ce schéma se répète de manière un peu trop systématique, le chant clair qui fonctionnait si bien au début de l'album finit par paraître forcé, comme une formule qui se déclinerait sur la plupart des autres morceaux. Mais ce choix marque aussi une évolution vers un album moins sombre, où des riffs menaçants et séduisants installent une ambiance qu'on n'oserait qualifier de lumineuse, mais néanmoins plus vivante que pouvait ne l'être The Divinity Of Oceans par exemple. Accordant une place plus importante aux mélodies, Ahab évite de répéter ses œuvres passées, s'éloigne quelque peu des étiquettes du funeral doom, mais on a hélas du mal à rester attentif tout du long... Décrocher aux alentours de The Weedmen n'est pas exclu, car si les Allemands ont su donner à l'album une identité propre, ils n'ont pas réussi à maintenir son intensité jusqu'à la fin.
The Boats Of The Glen Carrig est finalement un album qu'on ne pourrait qualifier de décevant : pour son ambiance, son univers, la puissance qu'il dégage lors de ses bons passages, il ne peut laisser indifférent. Mais ce qui marche sur un morceau finit par s'essouffler à la longue, et la bête ne s'avère pas aussi convaincante qu'on ne l'attendait.