Du côté d'ALIEN WEAPONRY, on ne traîne pas. Les deux frères à l'origine du projet ont commencé extrêmement jeune : tous deux nés dans les années 2000, ils sortent Tū, leur premier album, avant même d'avoir vingt ans. Emprunt de culture maori, leur mélange de thrash et de groove metal est pourtant déjà très abouti et surtout particulièrement séduisant.
Descendants des tribus Ngati Raukawa et Ngati Pikiāo, Lewis et Henry De Jong (rejoint par le bassiste Ethan Trembath) s'inspirent de l'histoire de leur pays, aussi bien dans leurs chansons (Rū Ana Te Whenua parle de la bataille de Pukehinahina, en 1864, au cours de laquelle les forces britanniques ont été battues par les peuples indigènes... et où est mort un ancêtre des deux musiciens) que pour trouver le nom du groupe, inspiré par District 9 de Neill Blomkamp. La comparaison avec SEPULTURA est inévitable : deux frères à l'origine d'un metal puissant et accrocheur renforcé par des rythmiques tribales et des thèmes politiques et sociaux très présents (il y est notamment question de spoliation de territoire et d'écologie). Pourtant ALIEN WEAPONRY, dès ce premier album, impose sa marque avec une confiance presque insolente.
Chanté en grande partie en Te Reo Maori, Tū nous saute à la gorge et aux tympans d'emblée avec un haka vindicatif dont l'énergie guerrière décuple l'impact des riffs. Ce n'est pas pour rien si le dieu de la guerre Tūmatauenga donne son nom à l'album. ALIEN WEAPONRY sait capter notre attention avec des hits irrésistibles (Raupatu, Kai Tangata). Ils jouent vite et fort et ajoutent à la puissance de leurs inspirations martiales des lignes de chant clair hargneuses et accrocheuses (Holding my Breath, Rage - It Takes Over Again). Le cocktail est d'une efficacité imparable et permet surtout d'éviter une sensation de redite qui pourrait handicaper le genre : là où certains fatiguent l'auditeur en ne faisant que jouer vite et fort, ALIEN WEAPONRY sait ménager sa puissance.
Tū est un premier album riche, accrocheur, aux compositions suffisamment riches et variées pour ne pas lasser. Les rythmiques et les riffs collent la patate, c'est agréable à écouter, c'est carré et il est difficile d'y trouver à redire. On parie que ces petits néo-zélandais ont une belle carrière devant eux et qu'on les retrouvera très bientôt en haut de l'affiche de nombreux festivals ?