Le duo ALK-A-LINE n'en est pas vraiment à son coup d'essai : cela fait maintenant dix ans que les deux sorcières de Bruxelles ont sorti un premier EP et leur electro sous influences PPP (pop post-punk) a eu le temps de mûrir pour aboutir aujourd'hui à Species & Specimens.
Enfin, "mûrir" : ne nous emballons pas. On risquerait d'imaginer quelque chose de très sérieux et d'un peu chiant aux relents de naphtaline. Homo Sapiens nous rassure immédiatement : l'énergie d'ALK-A-LINE est communicative et le duo cultive une sorte de second degré décontracté, une ironie cool qui doit beaucoup aux paroles mais aussi à la voix de Laurence Castelain. Elle vient du groupe punk rock THE CHICKS, et son timbre chaud contraste avec la froideur aseptisée que l'on trouve dans bon nombre de formations electro déshumanisées. Chez ALK-A-LINE, l'humain a son importance : il donne même son nom au dernier titre de l'album, Human et ses sons paradoxalement spatiaux façon thérémine.
ALK-A-LINE séduit, ALK-A-LINE donne envie de remuer. On pense notamment aux compatriotes d'IMPLANT, mais avec une énergie plus rock. Les rythmes et mélodies sont efficaces et différents guests masculins viennent régulièrement poser leurs voix plus rugueuses : jamais Species & Specimens ne se répète et l'album réserve même quelques surprises. Parmi elles, Scélérats et ses allures de THE PRODIGY sinistre, chantée en français, permet d'apprécier toute la saveur d'un texte théâtral et bien tourné. L'album est une machine à hits (Boom Boom Dance, Dogs, Black Queen...) qui sait cependant dévier de son cours : This is Not a Fairy Tale, avec ses airs de breakcore, est une parenthèse hallucinée savoureuse.
ALK-A-LINE a sorti une jolie oeuvre qui nous tiendra chaud cet hiver et qu'il serait bien triste d'ignorer. Quand l'écoute de Species & Specimens s'achève, on se surprend à la relancer. Rapide à nous accrocher, il a ce petit côté addictif qui nous fait revenir à ses beats et l'énergie positive qu'il dégage malgré des influences so dark. Après tout, les sorcières aussi ont le droit de s'amuser, non ?