Et si on se faisait un peu de mal en revenant une petite dizaine d'années en arrière, et qu'on se replongeait dans l'univers sanglant des ARSCH DOLLS ? Le groupe originaire du sud de la France a probablement été, avec TAMTRUM, ce que la scène dark electro française a proposé de plus marquant. Mais là où TAMTRUM se faisait remarquer pour sa turbulence, on se souvient plus des ARSCH DOLLS pour leurs concerts craspecs et malsains, associant leur musique à un show souvent ultra gore absolument jouissif. Malheureusement, le trio n'a sorti qu'un seul album, en 2009 et dans une relative confidentialité : Evil Children Are Ready to Torture your Voodoo Doll. Tout un programme.
Si vous n'avez pas connu le trio à l'époque, alors vous ne pourrez comprendre la pointe de déception au lancement de l'album : en démarrant dans le vif du sujet avec les beats frénétiques de Voodoo, les ARSCH DOLLS semblent délaisser leurs comptines macabres bien glauques et rien moins que parfaites pour se mettre dans l'ambiance sur lesquelles démarraient leurs deux démos, ou chacun de leurs concerts. Un rapide coup d'oeil à la tracklist le confirme : ces petites transitions atmosphériques sont bel et bien absentes de l'album. Tant pis pour les nostalgiques de Messe Halloween, et tant mieux pour les fous-furieux du dancefloor qui se retrouvent un album de dark electro badass et bourrin de bout en bout. Pourtant, au détour d'une mélodie, d'une nappe de synthé ou d'un sample, les ambiances horrifiques des ARSCH DOLLS prennent vie pour hanter cet album de bout en bout (l'intro de Fetish Process, les voix d'enfants qui chantonnent sur Dead Face, etc...). Ce sont ces ambiances flippantes qui donnent une âme aux ARSCH DOLLS (à moins que le trio ne se soit juste emparé de celles de leurs victimes ?), ancrant leur musique dans leur univers sordide et violent.
Mais au-delà de l'univers poisseux proposé, leur musique a aussi pour elle une redoutable efficacité. Evil Children (etc, etc...) propose son lot de grosses tueries (Dead Face, Zombie Pantin, Fat Flesh, Childhood Mementos) auxquelles une prod que l'on devine très DIY ajoute une couche de crasse dont ne peuvent se vanter les dernières productions de certaines stars belges ou mexicaines (d'ailleurs, l'influence de HOCICO se fait régulièrement sentir, mais avec une odeur de charogne en plus). Bien que ne s'éloignant pas des chemins balisés du genre (de la voix saturée aux mélodies de synthés), les ARSCH DOLLS réussissent à imposer leur musique à coups de hachoir, ralentissant le rythme le temps de la classique Confession (qui laisserait même deviner une pointe de mélancolie) à la moitié de l'album pour repartie de plus belle juste après. On se dit d'ailleurs encore une fois que ces Evil Children auraient gagné à plus laisser respirer leur oeuvre si intense, mais peut-être qu'on chouine surtout parce qu'on sait de quoi ces types sont capables en terme d'ambiances.
Les ARSCH DOLLS sur scène, c'était des cadavres empalés, des hachoirs, des organes balancés sur le public. C'était des pelles roulées à des cranes ornés de langues de boeuf, c'était des landaus remplis de chaires mortes ou des kilts soulevés qui dévoilaient des... Ahem, vous avez vu Planet Terror ? Bref, c'était crado, super rigolo, outrancier et grotesque. Et tout ça se retrouve sur leur unique album. Un vrai plaisir régressif et nostalgique, mais que l'on vous recommande de compléter en écoutant également leurs démos, notamment pour les introductions et conclusions. Bonne chance : le groupe n'a jamais vraiment été actif sur facebook, et trouver des informations les concernant n'est pas simple... La disparition du Myspace des années 2000 est décidément une tragédie.