BANK MYNA s'est formé il y a un peu moins de dix ans, en 2013. Le trio parisien, qui revendique l'influences des SWANS, GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR et de ANNA VON HAUSSWOLFF sort Volaverunt, un premier album fruit d'expérimentations et enregistré d'une traite et dont le titre renvoie à une gravure de Goya.
S'il est un reproche qu'on ne pourra pas faire à l'album, c'est d'être incohérent. Basé sur une plage sonore unique, les cinq titres se suivent en réalité comme un même voyage atmosphérique et mystique. Il faut se laisser bercer par les nappes sonores, les larsens, ce chant qui vient à nous comme un écho, les textures. BANK MYNA offre à sa musique le temps de respirer, de voyager, de prendre forme. On en apprécie d'autant plus les montées en tension qui y naissent et qui rappellent des tendances doom (mais jamais écrasantes), comme c'est le cas avec The Open Door et The Sleep of Reason, où une basse abyssale et un rythme qui s'accélère amènent à la fois élévation spirituelle et plongée dans les ténèbres. Il ne faudrait pas non plus croire qu'on s'y ennuie : le jeu sur la temporalité, dès lors qu'on s'y laisse prendre, garantit l'immersion et la variété est au rendez-vous. Dans sa quête de l'illumination, BANK MYNA touche souvent au sublime, notamment quand ses expérimentations que l'on devine être des improvisations auxquelles on a laissé le temps de développer une vie propre s'achèvent en apothéose. Au milieu de ces quarante minutes d'introspection contemplative, Aurora vient donner au voyage des airs de rituel avec sa rythmique hypnotique, proche du mantra, et ses percussions discrètes (le groupe a utilisé des cloches d'horloges, parions que c'est sur ce titre).
Ce n'est pas un hasard si ce premier album arrive après tant d'années : BANK MYNA laisse à sa musique le temps de grandir, d'évoluer, de se perdre et, pour cela, le temps est un ingrédient indispensable, au cœur de la création de Volaverunt. Le trip mystique est organique et fascinant, chaque son de cet ensemble harmonieux s'avère propice à la méditation, en bref, tout cela est très beau.