Il y'a treize ans, alors que la mode néo-metal était encore à son apogée, COAL CHAMBER se séparait dans des conditions qui laissaient peu de place à un come-back, tant l'ambiance dans le groupe semblait catastrophique. Et puis depuis quelques années, le groupe refait des concerts, et il ne leur restait plus qu'à concrétiser ce retour avec un quatrième album. C'est désormais chose faite avec Rivals, dont on sait quoi en attendre avant même d'en lancer l'écoute. COAL CHAMBER se doit d'être comme un bon fast-food : ça fait envie, c'est pas bon pour la santé, on s'en empiffre et à la fin on se retrouve avec de vagues remords, mais prêts à remettre ça. Et dans ce cas, le début de l'album est parfaitement conforme au cahier des charges et s'annonce comme le plaisir coupable et régressif que l'on attendait : I.O.U. Nothing plante le décor avec ses gros riffs bien gras et répétitifs et ses paroles agressives vomies par Dez Fafara. Bad Blood Between Us, toujours aussi peu subtile, devrait se tailler une place de choix parmi les morceaux qui cartonneront en live. Et puis, pour la frime, COAL CHAMBER, qui a toujours flirté avec le metal industriel, invite Al Jourgensen de MINISTRY brailler sur Suffer In Silence, pour un nouveau défouloir. Mais peu à peu, l'énergie s'épuise. COAL CHAMBER a beau sonner globalement comme avant, en un peu plus lourd peut-être, il y'a comme un problème : ça manque de fun, de rythmique bondissantes à la Loco et compagnie qui ont fait la renommée du groupe. Si c'est une volonté d'évoluer, l'ensemble manque de singularité pour convaincre. L'album respire assez peu, même si le morceau titre Rivals vient apporter un nouveau souffle au disque alors qu'on commençait à patauger dans un automatisme lassant. Enfin, on retrouve un peu de l'ambiance malsaine et folle des meilleurs titres de COAL CHAMBER, et surtout un peu de variété dans l'album. Au final, difficile de savoir si le début de l'album fonctionne mieux parce qu'il est meilleur ou parce qu'on s'est lassé à force, mais Rivals n'est pas tout à fait la décharge jouissive d'agressivité, le shoot d'adrénaline que l'on aurait aimé entendre. Le plaisir teinté de nostalgie a fonctionné un temps, avant de mourir à petit feu au fil de l'écoute. Finalement, peut-être que le passé c'est vachement mieux quand il reste dans le passé... Et puis, avec le temps on digérera ce Rivals, à la fois lourd et peu consistant, et on se dira que c'était pas si mal. On s'en repassera même quelques titres, parce que faut admettre que ça envoie et que des titres comme Over My Head ont ce petit groove qui fait du bien par où il passe. En espérant que ce come-back imparfait ne soit qu'un moyen de se chauffer avant les choses sérieuses !
Chronique | Coal Chamber - Rivals
Pierre Sopor
19 mai 2015