Et si la technologie s’était élevée au rang de mythologie dans laquelle auraient émergées de nouvelles divinités ? De ces géhennes virtuelles serait né le prophète français DAV DRALLEON, au style singulier sur le plan cinématique mais aussi cinématographique de sa vision de la darksynth. Notre Architecte nous livre son nouveau bréviaire H O L Y W R A T H qui est, outre un cauchemar de l’espace insécable, un album concept narrant une société sous le joug d’une "théomachinacratie" cyberpunk et dystopique.
Avant toute chose, il ne faut pas prendre DAV DRALLEON comme un artiste de darksynth qui va envoyer des rythmiques à tout-va mais qui va plutôt orienter son écriture vers quelque chose de plus atmosphérique, à l’instar de MANIAC 2121 et son approche très théâtrale de la synthwave, qui inscrivent leurs musiques dans une optique bien plus narrative que musicale. On retrouve ici un jeu assumé et travaillé sur les ambiances et les sonorités, comme le relèvent les notes lourdes de T H U N D E R A G E ou d’A L T E R E D E A T H qui viennent ponctuer un suspens latent avant d’envoyer un parpaing synthétique, les changements de gammes de W O L V E S Q U A D en fonction du point de vue du protagoniste, ou encore l’atmosphère oppressive d’H E L R A I D E R créée par l’utilisation de drones subtils.
C’est là qu’entre tout le talent de DAV DRALLEON. Par la mise en place d’un paysage audio, l’artiste intègre tout un univers autour de celui-ci et, surtout, le fait vivre et évoluer. Il suffit d’essayer de décortiquer chaque sonorité, chaque effet, pour se rendre compte de la complexité d’une composition qui en ressort pourtant fluide et cohérente. Chaque note n’a pas été placée par hasard, elle fait partie d’un élément d’une histoire que l’on se prend au jeu d’imaginer le scénario qui se cache derrière.
Ainsi W O L V E S Q U A D nous emmène suivre une unité d’intervention de type Section 9 où l’action avance crescendo, à tel point que l’imaginaire associe la musique à une scène en mouvement grâce à ces changements de gammes. C’est sans escompter cette guitare qui sort de nulle part, cette fameuse cavalerie tant attendue, pulvériser tout sur son passage avec classe. Un instrument assez mal exploité dans la synthwave en général mais quand son potentiel est utilisé intelligemment, il peut en résulter de passages épiques comme l’en témoigne également Sentinelle Eternelle de MARAUDEUR. D’autre part, les chœurs religieux de V A U L T O V D O O M narrent le processus d’initialisation et d’exécution du "Black Knight", sorte de Dieu Avatar booté en mode machina-vult.exe et semant le chaos au nom d’un dogme formaté dans un monde complexe et structuré.
Quelques longueurs sur les épisodes atmosphériques viendront ponctuer la narration et l’on regrettera a contrario une durée bien trop faible des passages plus nerveux, qui viendront s’effondrer au moment le plus inopportun. D E T H K A L L est le titre que retiendra le plus les metalleux, tant son clavier principal que son final explosif fera mouvoir les têtes, mais Ô combien frustrant car ce dernier sera terminé avant même que l’on ait pu assimiler le rythme saccadé. C’est sans conteste un choix assumé de l’artiste, où la simple écoute de la reprise du thème de Mortal Kombat démontre que DAV DRALLEON peut, s‘il le souhaite, sortir un titre taillé pour le dancefloor.
Contrairement à son premier album D E P T H S, DAV DRALLEON va bien plus loin dans sa composition et pense au-delà d’un simple regroupement de plusieurs pistes en ajoutant une cohésion et une continuité entre elles. Au travers de ce sophomore, l’écriture dépasse le simple stade musical et s’accompagne d’un univers en mouvement, qui vit et évolue, dans lequel nous sommes réduits à être spectateur et aveugle. En surpassant la notion d’album concept, H O L Y W R A T H est un livre audio solide de par sa cohérence où les pistes sont fluides et les diverses sonorités utilisées intelligemment ; et par sa consistance avec une base musicale riche et variée, où tout à une place précise et pensée.
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