Death Cult 69 est le "nouveau" projet du duo Konstantin Michaely (chant, guitare, orgue) et Luc Lacroix (batterie), déjà tous les deux impliqués dans le groupe gothic-rock Wisborg. Ils sont rejoints par Fern Czar (voix supplémentaires) et Marie Ko San (pour l'orgue en live). Cela fait bientôt quatre ans que quelques singles avaient éveillé notre intérêt : du metal gothique avec de l'orgue à tout va, une pesanteur doom, du groove... Le premier album, The Way of All Flesh, est enfin disponible, rempli de sombres promesses aguichantes.
Il s'en est passé des choses en 1969. Neil Armstrong a marché sur la Lune, la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale entre en vigueur, le mouvement hippie est a son apogée à Woodstock avant que le rêve n'entame sa chute lors du fiasco d'Altamont... et surtout, Black Sabbath, Deep Purple et Led Zeppelin en sont à leurs balbutiements. Ce mélange entre psychédélisme et ténèbres plus pesantes, quand le rêve enfante des cauchemars, se retrouve assez bien dans The Way of All Flesh. La performance de Michaely, très investi, flirte avec le numéro d'acteur en convoquant le souvenir boudeur de Type O Negative alors que l'orgue donne une teinte plus retro et psychédélique. Il y aurait un moyen assez paresseux de présenter Death Cult 69 : cette voix chaude, ce mélange d'influences extrêmes et gothiques, ce sens du théâtral... On pourrait, par commodité, décrire cela comme du Moonspell, mais avec de l'orgue. Les riffs sont méchants, l'ambiance de rituel occulte convaincante, les quelques tentations prog garantissent quelques rebondissements : Hell on Earth plante un décor que seules quelques bougies éclairent alors que Michaely y croone comme si sa vie en dépendant et que quelques rugissements épaississent les ombres. C'est accrocheur et l'on apprécie tout particulièrement le parfum de mystère que crée la rencontre entre la lourdeur du doom et l'orgue (l'intro de 1969, menaçante, opaque et exotique, les riffs qui viennent troubler les lamentations de We Are the Light). C'est d'ailleurs dans la rugosité que Death Cult 69 évite le sentiment de répétition. Les influences death, black et sludge viennent régulièrement secouer le brouillard (le growl profond de Children of the Void, l'agressivité de Death Finds a Way) et offrent une réponse à l'orgue qui, de son côté, garantit la cohérence de l'ensemble en nous maintenant dans cette brume mystique.
Death Cult 69 n'a pas peur des excès et joue à fond la carte du grandiose et du flamboyant, assumant sa démarche jusqu'au bout. Le résultat en est réjouissant, grandiloquent et mordant en associant le bon dosage de surjeu et de méchanceté. Si vous cherchiez à renouveler votre playlist "incantation dans le noir", The Way of All Flesh devrait vous emballer.