Passée par des groupes de post-punk et de death-rock, Veronica Campbell toujours été attirée par l'électronique et DEATH LOVES VERONICA lui permet d'exprimer ces penchants en bidouillant ses synthés modulaires et analogiques, quelques guitares et autres expérimentations. La promotion n'est peut-être pas son activité favorite : quelques jours avant la sortie de Corruption for the Insidious, elle disait avoir le cœur brisé par les images de destruction qui affligent le monde actuellement et prévenait que le nouvel album de DEATH LOVES VERONICA sortirait d'un jour à l'autre. Le voici donc, même pas un an après Chemical, sans plus de cérémonie mais avec son artwork qui en jette.
Il ne faut que très peu de temps à Corruption for the Insidious pour se faire aimer : une fois une intro anxiogène passée (Campbell est également réalisatrice et In the Night Comes Evil a un feeling cinématographique retro assez jouissif), When I Was Dead nous capte avec ses beats pesants et son chant mélancolique et séduisant qui, ensemble, produisent un effet hypnotique, jusqu'à ce qu'une guitare s'ajoute et insuffle un supplément d'émotion dans un style reconnaissable entre mille, celui de Tim Sköld qui s'incruste sur le morceau et co-signe un refrain est imparable. DEATH LOVES VERONICA, après s'être essayé à plusieurs choses, semble avoir canalisé sa créativité depuis Chemical. Sur ce nouvel album, l'atmosphère semble cependant s'être encore assombrie : son électro sombre, inspiré par la dark wave et la musique industrielle des années 80 et 90 ne fait pas dans la surenchère et cultive un certain minimalisme, une froideur que le chant vient parfois bousculer.
Si Whore et Hate Me, avec leur agressivité contenue et leur rythme relativement soutenu semblent servir de lien avec le précédent album et font office de morceaux "dansants" (malgré un fond particulièrement lugubre), la suite plonge vers les ténèbres d'une musique atmosphérique anxiogène et retenue. On est particulièrement réceptifs aux morceaux les plus torturés (It Was All A Show, effrayante dans son dépouillement bruitiste sans pitié) alors que l'humeur déprimée de l'album s'insinue peu à peu par tous nos pores (In Hell et ses chuchotements inquiétants, The Monster et son affliction palpable). Le travail sur les ambiances est remarquable, Veronica Campbell réussit à produire de grands effets avec peu et les parties plus ambiantes font frissonner (It Kills Like God, Crawling Out From Horror).
Corruption for the Insidious porte bien son nom. Avec son début d'album immédiatement séduisant, il capte l'attention de l'auditeur pour, insidieusement, le corrompre peu à peu en le piégeant dans sa toile vénéneuse. Petit à petit on glisse vers une seconde partie au son feutré, plus expérimental et minimaliste, où les cauchemars rampent dans l'ombre. L'évolution de DEATH LOVES VERONICA est ici particulièrement convaincante et trouve son aboutissement dans un équilibre parfait entre les formules catchy et l'ambiant, l'effrayant et l'attirant.