Après l'incompris 'The Marrow of a Bone' sorti en 2007, Dir En Grey, fort de son parcours et de son expérience, retente sa chance avec 'Uroboros'. Graphiquement, l'uroboros (ou Ouroboros) dépeint un serpent incurvé tenant l'extrémité de sa queue dans sa bouche afin de former un cercle complet. Symboliquement, ce titre représente le mouvement perpétuel, l'évolution éternelle, la réincarnation et la renaissance, somme toute l'âme de Dir En Grey. En effet, ce dernier nous livre, ici, un voyage au travers de sa palette musicale dont il s'est enrichit et approprié durant plus d'une décennie : on se trouve face à l'accord improbable entre fragilité et force, le subtil et le grossier, l'harmonie et la cacophonie. Tous les titres font preuve d'un réel travail de composition favorisé par une architecture instrumentale plus complexe en symbiose avec des mélodies épurées, tantôt cristallines tantôt torturées. Il en résulte également une perspective mystique voire épique à l'instar de l'instrumentale introductive 'Sa Bir'. Tour à tour brutes et affinées, les pistes qui suivent s'enchaînent et nous offre un moment chargé d'émotions fortes. Les cinq nippons nous déversent une violence à fleur de peau, si bien qu'on pourrait peut-être parfois leur reprocher ce schéma atypique emprunté pour le coup qui, de prime à bord, surprend et déroute lors des premières écoutes. Aussi, si on ne lui prête pas une oreille très attentive, on peut vite lâcher le fil. Pour les publics avertis, le disque regorge de petites pépites telles que l'imposante 'Vinushka', 'Red Soil' aux réminiscences Visual Kei, l'excellente ' 蜷局' (Toguro) avec ses teintes orientales ou encore 'Inconvenient Ideal' qui clôt l'album. De plus, une portée religieuse émane du disque appuyée par la prouesse vocale du prophète ; celui-ci confère, en effet, à son organe un timbre alternativement guttural avec son death growl / grunt caverneux, envolées délicates et éthérées, notes aigües et autres bizarreries qui lui sont propres. Malheureusement, il n'est pas sans dire que ces extravagances titillent quelques imperfections, trop de grouinements et borborygmes brouillent l'album et peuvent, finalement, agacer à la longue. Pour continuer à tempérer cet enthousiasme, précisons que les versions en Anglais des singles 'Dozing Green' et 'Glass Skin' perdent énormément en qualité, surtout pour le second, on préférera les versions Japonaises qui sont de toute beauté. Pour conclure, disons que Dir En Grey est un groupe écorché-vif en mutation qui se nourrit de son expérience ; avec 'Uroboros', il choisit de faire la synthèse ou la conclusion de la tournure musicale amorcée il y a plusieurs années, tel 鬼葬 (Kisou) lors de de la première époque. La boucle est bouclée, on attend un troisième cycle !
Chronique | DIR EN GREY - Uroboros
Mandah
11 novembre 2008