L'histoire, on croit la connaitre : trois belges décident de monter une formation mélangeant pléthore d'influences EBM, metal industriel et goth rock. Voilà qui sent fort le groupe qui viendra chaque année se planquer derrière ses lunettes de soleil et ses synthés sur les scènes de l'Amphi Festival ou du WGT en milieu d'après-midi, sans qu'on ne les différencie trop du précédent. Grave erreur ! DOGANOV n'est point fait de cette étoffe, ma bonne dame, oh que non !
Il ne faut pas très longtemps pour se rendre compte qu'on tient avec Condugting Chaos un très bon album. Peut-être une petite minute, tout au plus, le temps que le chant de Karl Cleeren vienne nous flatter les tympans après les riffs furieux et les beats rageurs de l'introduction de Mad to the Sane. De sa voix grave, chaude, élégante et mûre à la Andrew Eldritch des SISTERS OF MERCY, il apporte tout au long de l'album la dose d'humanité, l'étincelle d'émotion qui donne à la musique de DOGANOV son épaisseur, sa puissance et son âme. Et les bonnes surprises continuent, d'un refrain empli de rage à un autre, le groupe belge aligne les gros titres fédérateurs, du genre à nous accrocher en quelques secondes et ne plus nous lâcher. Impossible de ne pas penser à DIE KRUPPS, ou à une version plus mordante de VNV NATION, mais il y a aussi dans DOGANOV un peu de DIARY OF DREAMS, un peu de FRONT 242 de l'époque Tyranny For You... Mais surtout, les belges ont leur propre son, dur, accrocheur, qui donne envie de trémousser le popotin. Et avant même que l'on s'en rende compte, certains morceaux se mettent à tourner en boucle : Conducting Chaos, Sun et ses gros riffs carrés et son refrain guttural plein de menace, Falling Star et compagnie sont autant de hits en puissance. Même lorsque DOGANOV ralentit le rythme, le temps de The Ghost, Pt. 2, on reste suspendu au moindre son, la moindre ligne de chant. Le groupe rend même un hommage explicite à FRONT 242 en reprenant leur éternel classique Headhunter avec un certain brio : ils se font plaisir et ont bien raison ! Et si tout l'album varie les émotions entre une colère tantôt contenue, tantôt éclatante et une certaine mélancolie, la fin du disque se fait plus pesante, plus désespérée, aussi bien dans Trilogy malgré ses vociférations furieuses que dans What's the Case With You.
Conducting Chaos est un album solide, abouti, poli avec soin et perfectionnisme, qui transpire le travail et la maturité. Accessible, accrocheur, idéal pour faire remuer les foules, il est aussi d'une réelle richesse et densité musicale. Et dire qu'il ne s'agit que d'un premier album, la suite s'annonce passionnante du côté de DOGANOV !