Quand DOPE sortait Blood Money Part 1 en 2016, cette "première partie" appelait forcément une suite. La voici, sept ans plus tard, une "partie 0" proposée gratuitement par Edsel Dope (plus que jamais seule tête pensante de son projet) et qui avait été égrainée morceau par morceau depuis plusieurs mois au point, peut-être, d'en rendre la sortie officielle finalement assez anecdotique.
Le mode de distribution de Blood Money Part Zer0 et sa distribution au compte-goutte donnent finalement plus l'impression d'une collection de singles qu'un réel album. A l'écoute, on en connaît déjà neuf titres et l'ensemble a des airs de compilation dont on est tenté de passer les titres déjà connus pour pouvoir aller sur les nouveautés... Soit trois morceaux. Allez, accordons à l'artiste que c'est aussi notre faute : ceux qui voulaient découvrir un album dans son intégralité n'avaient qu'à pas écouter les singles sortis prématurément !
Néanmoins, musicalement, cette impression perdure aussi. Certes, les amateurs du son de DOPE devraient s'y retrouver : c'est méchant, rapide, tranchant, efficace. Edsel vise la jugulaire d'entrée avec No Respect, la formule mélangeant neo metal et metal industriel n'a pas bougé d'un iota, on y retrouve toujours des traces allant de KORN à MINISTRY en passant par STATIC-X (dont Edsel ne confirmera jamais être le nouveau chanteur, arrêtez donc de l'embêter avec ça !). Durées réglementaires (entre deux et quatre minutes), refrains catchy aux formules faciles à mémoriser, le tout guidé par une idée de riff qui accompagne chaque titre sur toute sa durée : tout est calculé, mesuré, rien ne dépasse ni ne surprend et l'ensemble a l'air d'un balayage hétéroclite de toutes les émotions que DOPE pourrait aborder, à la manière d'un best-of.
Au choix, l'auditeur se retrouvera donc soit agacé par les gimmicks du chanteur (on serre les dents sur le vocodeur de Believe) ou trouvera une forme de satisfaction immédiate et gratifiante aux morceaux les plus bourrins (Choke, Parasite ou encore Fuck it Up dont le refrain est une étincelle assez irrésistible pour rallumer quelques brasiers). On s'amuse finalement tout autant quand la mélodie prend le dessus et qu'Edsel utilise son side-project electro / pop DRAMA CLUB le temps de Misery et d'une reprise de Lovesong de THE CURE où il s'approprie le style de chant de Robert Smith, à sa sauce. Pas forcément génial, mais divertissant. À ce petit jeu, Dead World s'en tire très bien, dans cet équilibre précaire entre le kitsch le plus total de sa formule electro-metal simpliste et la mélancolie nostalgique addictive de son refrain.
Collection variée et hétérogène de singles, Blood Money Part Zer0 est plus un pot-pourri dans lequel on s'amuse à piocher ici ou là à l'occasion qu'une œuvre dont on va apprécier l’entièreté. Tout est fait pour plaire aux algorithmes, de la durée des morceaux à leur efficacité immédiate et leur simplicité. On pioche, on skip, on skip, on accroche un peu, on skip : DOPE ne pique pas les oreilles, évite les nœuds et se repose sur son savoir-faire. C'est parfois rigolo, parfois niais et creux et, comme d'habitude, l'artiste irrite autant qu'il séduit.