Il y a deux ans, Draven nous surprenait avec Abyssal Arcana, un premier album aussi jouissif que rafraîchissant, blindé de références, d'envies et de surprises. L'artiste grec est de retour avec Massacre Blood Club et le décor est déjà posé : son approche de l'électronique fait toujours la part belle aux délires sanguinolents et à la démonstration d'énergie. On ne va pas s'en plaindre !
Si l'on avait retenu de Draven un réel talent pour les ambiances et l'approche cinématographique qui donnait à sa musique une vraie richesse mélodique et narrative, ce deuxième album nous surprend avec une entrée en matière particulièrement percussive. En même temps, avec Sebastian Komor en invité sur Seductive Meat Grinder, on se doutait bien qu'on allait suer. Draven semble dans un premier temps avoir perdu en esprit ce qu'il a gagné en muscles. En allant à l'essentiel avec une démarche plus agressive, il fait dans l'efficace, l'accrocheur, le gros son qui tranche et qui tâche. Il faut attendre Stained on the Mainframe pour retrouver ce mélange entre des mélodies orchestrales intenses et l'électronique qui tabasse. C'est aussi le premier "vrai" titre de l'album sans invité : coïncidence ?
Avec Massacre Blood Club, les collaborations se multiplient. En plus de l'illustre ex-Icon of Coil mentionné plus haut, on y retrouve le duo We Are Magonia qui vient apporter sa grandiloquence mystique théâtrale ainsi que son sens du carnage synthétique tout en basses pachydermiques à Through the Cerebral Cortex et Blasphemy, mais aussi les touches de darksynth plus nostalgiques et dans la mouvance retro 80's de CONNÖR sur In the Taste of Blood ou la frénésie trance de Teknovore sur X-Stacy... C'est cependant Not Your Kind qui surprend le plus avec The Static Architect et son chant qui donne une couleur organique à la musique de Draven en y ajoutant un supplément d'humanité et les émotions rageuses incarnées dans la voix.
Tout cela permet à Massacre Blood Club de varier les plaisirs et d'enrichir la palette de Draven... mais aussi, peut-être, parfois de diluer sa singularité. Quand il se retrouve enfin seul, dans le noir, on retrouve avec plaisir son sens de la mélodie glaçante, de la suggestion subtile au milieu des beats assassins (on a tout de même vérifié à deux reprises que D3ATH, avec ses chœurs blasphématoires et ses rafales dubstep avait été faite sans We Are Magonia).
Draven s'amuse, c'est indéniable. Encore une fois, le plaisir qu'il prend à créer est manifeste. Il s'empare de différentes mouvances (EBM, dubstep, psytrance, techno, darksynth) qu'il mélange à son amour de l'horreur et du sinistre, tout comme il s'empare de l'âme de ses invités pour les mélanger à ses propres cauchemars. En cela, Massacre Blood Club est un peu le laboratoire d'un savant fou dont les créations impies nous explosent à la gueule, avides de sang. Peut-être qu'on y décèle un poil moins la singularité de l'artiste qui se cache souvent derrière ses petits camarades mais le résultat est toujours aussi généreux, ludique et cool.