Dusk est un groupe originaire du Costa Rica et qui sévit officiellement depuis 2016 avec son mélange de dark ambient, d'industriel et de black metal. Productifs, les musiciens sortent avec Rethrenody leur quatrième album, successeur de The Relic paru un an plus tôt... et que l'on peut voir comme une suite de Threnody, sorti en 2019. Le mot se traduit en français par "mélopée, lamentation" : le ton est donné alors que l'on se plonge justement dans ces six chants funèbres.
Fidèle à sa façon de faire sur la plupart de ses albums, le groupe ne distingue pas ses morceaux autrement que par une numérotation et nous plonge dans ses abîmes de noirceur. Ce qui séduit d'emblée chez Dusk, ce sont les atmosphères. Les ténèbres y sont asphyxiantes grâce notamment à des basses écrasantes, à la pesanteur palpable et dont le brouillard oppresse et étouffe. Rethrenody nous plonge dans un univers cauchemardesque, entre horreurs spatiales et post-apocalyptiques. Le mélange de black metal et d'industriel est loin d'avoir ici pour but de vous faire remuer du popotin sur des hurlements démoniaques. Même si l'électronique pioche très régulièrement du côté d'influences darkstep, tout est affaire de textures et d'ambiances. Les guitares apportent épaisseur et opacité et un sound design efficace nous renvoie systématiquement à l'aspect mécanique, métallique de la chose d'où s'extirpent avec parcimonie une petite nappe de synthé par-ci, une petite mélodie par-là qui, telle une bouffée d'air attrapée avec l'énergie du désespoir, nous donnent l'illusion d'un espoir pour mieux nous enfoncer de leur mélancolie funèbre. La voix est en retrait et vient, elle aussi, se greffer au mélange via quelques hurlements inarticulés ou de discrets chœurs (Rethrenody V et son côté rituel sectaire de l'espace aussi inquiétant que jouissif), achevant cette toile impressionniste faite de ténèbres et d'angoisse. Il en ressort une impression de gigantisme malveillant, un truc monumental et mystique dans lequel nous ne sommes finalement rien aux relents lovecraftiens. Le groupe finit tout de même par une petite sucrerie, une version du Blackened de Metallica passée à la moulinette bruitiste que l'on aurait peut-être aimé voir poussée plus loin encore et qui conclut l'album sur une note étrangement plus enjouée.
La musique de Dusk trouve un bel équilibre entre les genres mais aussi entre la radicalité de sa démarche et le plaisir de l'écoute. Certes, Rethrenody est un album sombre qui ne vient pas nous caresser dans le sens du poil mais on s'y plonge volontiers tant l'ambiance de messe noire spatiale y est réussie. Se faire broyer par des terreurs cosmiques est toujours particulièrement satisfaisant.