C'est avec Cloaks of Oblivions, et ses cinq années d'attente, que les slovènes d'ERUPTION reviennent avec leur thrash metal atypique pour ce troisième album. Cette particularité, qui réside dans le choix d'une voix aiguë en totale opposition par rapport à celles habituellement rauques, a le mérite d'attirer l'oreille pour les plus curieux qui ne seraient pas enfermés dans les codes du genre.
À cela s'ajoute une instrumentation solide et maîtrisée pour un album de qualité, très bien produit, en plus d'être diversifié dans son ensemble. Drones est un titre rentre-dedans, joué pour la fosse, avec une entrée fracassante en la matière sur un cri digne d'un chanteur de thrash. S'en suit un couplet destructeur où l'on aura le temps de souffler qu'à l'arrivée du refrain avant de replonger en apnée à brasser dans les abysses. This Barren Existence a un rythme plus ralenti, plus aérien ; c'est typiquement le genre de titre qui avance crescendo sans jamais vraiment exploser, faisant office d'accumulateur d'énergie qui sera libérée tout de suite après, avec le mur du son qu'est l'intro de Seven Archons.
Les quelques manques de fluidité entre les changements de rythme sont parfois trop abrupts. De plus, la voix ne suit pas nécessairement ces envolées rythmiques et reste dans le même ton que lors des couplets. Mais quand ça arrive, c'est un rouleau compresseur pour les cervicales et cela dès Sanity Ascend. À ce propos, la palette vocale est maîtrisée et non linéaire. Cela est notamment dû au pitch prog/speed/power de la voix, qui se mélange relativement bien avec la structure archaïque du Thrash. Le chanteur ne montre toutefois l'étendue de celle-ci que sur l'ultime morceau, The Prophet. C'est sur ce titre que ce dernier montre toutes ses capacités allant d'une voix suraiguë jusqu'au guttural, plus étendue que sur les précédents morceaux.
ERUPTION nous offre ainsi un thrash metal efficace où viennent se mêler des influences heavy, progressive voire melodeath pour un aboutissement riche et varié. Cloaks of Oblivion est un bon album duquel se détachent certains titres comme Drones pour son énergie et The Yearning – voire Seven Archons – avec ses refrains entraînants.