En 2018, FAUXX sortait N3H(il), un EP de trois titres qui permettait de se familiariser avec l'univers du duo (Joachim Blanchet aux machines, aux claviers et au chant et Job de TAGADA JONES à la batterie). Le groupe est de retour avec Statistic EgO, un premier album de sept morceaux inédits qui promet d'apporter un un souffle d'air frais à la scène industrielle française. On a dit un "souffle" ? Tu parles d'une bourrasque !
Chez FAUXX, l'ambiance est futuriste et nihiliste : chant robotique menaçant, thèmes pessimistes, machines qui déraillent et nappes de synthés hallucinées, on nage en plein cyberpunk crado à la Tetsuo. Les deux musiciens ne viennent pas pour faire la fête et s'amusent à déconstruire le cliché du metal industriel où les beats catchy mènent la danse. Avec son ambiance noire et poisseuse et ses expérimentations, StatistiC EgO évoque plus le MINISTRY des années 90 ou GODFLESH qu'un énième clone de RAMMSTEIN.
On est hachés d'emblée par une batterie impitoyable, ça cogne fort et dur, le rythme ne s'enraye jamais, donnant l'impression d'une machine implacable. Le son est lourd et FAUXX peut se ranger dans la même catégorie que AUTHOR & PUNISHER ou BLACK MAGNET, dans le genre indus récent qui fait dans le nihilisme et le poids lourd. Dès Alt Light Rebirth, on est hypnotisés par ces rythmiques répétitives et des machines psychédéliques. Les synthés, eux, ont cet arrière-goût de cauchemar sous acide des vieux SKINNY PUPPY et FAUXX rappelle souvent les légendaires canadiens, mais sous stéroïdes (prenez donc Kill the Monster, delirium tremens obsédant qui conclue l'album).
Relativement longs, les titres prennent le temps de nous perdre dans plusieurs directions (Duality et son final atmosphérique apocalyptique). Tout cela est puissant, monumental même (Their Garbage in the Heart) et avec un réel sens du drame (la tempête instrumentale Funeral Transhuman et son sinistre sample d'Aleister Crowley en conclusion). En plus de proposer une vision personelle et forte du metal industriel, rendant aux notions de machines et d'industrie leur petinence, FAUXX s'approprie avec le même brio des éléments de la scène darksynth, les phagocytant sans recracher et les digérant ici ou là (Fury & Deception, notamment).
StatistiC EgO est un disque sans concessions, sauvage et puissant, d'une noirceur ne laissant jamais place à la gaudriole. On ne s'y ennuie jamais, peut-être parce qu'on se prend parpaing sur parpaing, mais surement aussi car FAUXX réussit à se réinventer au cours de chacun des titres, ne cédant jamais ni à la facilité ni à la routine. Ça tape fort, ça ne triche pas, ça ne se cache pas derrière des masques, c'est du très bon, et ça promet pour l'avenir.