Ressortez vos baggys et vos t-shirts trop larges, coiffez vos cheveux en pointes ou laissez-vous pousser des dreadlocks : le premier album de FEVER 333 Strength in Numb333rs est sorti et il risque fort de vous replonger dans l'ambiance du début des années 2000, période durant laquelle le nu metal est né et qui nous a apporté un paquet de bons groupes. La fusion du rap et du metal a effectivement pris son envol à ce moment-là et le supergroupe californien vient ressusciter ce genre avec hargne.
Le premier single BURN IT avait réussi à attirer l'attention avec son côté hybride qui pourrait ressembler à un mix entre RAGE AGAINST THE MACHINE pour les couplets (basse prohéminente et rap) et LINKIN PARK pour les refrains. Il n'en fallait pas plus pour titiller notre fibre nostalgique et attendre ce premier opus avec impatience. Après une courte intro qui nous annonce que la fièvre arrive, on se prend toute la force de BURN IT dans la face et putain ça fait du bien. Trentes secondes suffisent à nous faire décoller de notre siège pour sauter partout, et ce qui est génial c'est que l'énergie de ce premier morceau va être conservée par la suite.
Mélange des genres, riffs percutants, paroles révoltées et chant survolté nous attendent tout au long des neufs titres (dix si on compte l'intro) qui composent l'album. On ne peut s'empêcher de penser à LINKIN PARK sur un bon nombre de passages au chant clair, le chanteur Jason Aalon Butler partageant avec le regretté Chester Bennington la même puissance vocale et la même émotion. La perfomance de l'ex-membre de LETLIVE est toujours efficace que ce soit sur le rap, les screams ou le chant clair, même si certains beuglements peuvent s'avèrer par moment agaçants ou mal placés.
Musicalement parlant, le groupe nous inonde d'influences en tout genres, mêlant l'electro et le metal sur ONE OF US ou OUT OF CONTROL/3 à la manière d'un HOLLYWOOD UNDEAD boosté aux stéroïdes. Des choeurs viennent renforcer des compositions déjà bien puissantes comme sur ANIMAL ou THE INNOCENT et on ne peut être qu'admiratif face à la force déployée par le trio pour ne jamais relâcher la pression. Même les plus lentes INGLEWOOD/3 et AM I HERE? (dans laquelle on trouve avec plaisir des éléments symphoniques) finissent par sombrer face à la déferlante de rage que Butler ne peut s'empêcher de déverser que ce soit via sa voix ou au travers de lyrics fortes et percutantes.
Les thèmes abordés ici sont majoritairement contestataire et anti-système et font le point sur l'état politique et social actuel, comme le faisait le groupe de Mike Shinoda en son temps et qui a clairement inspiré le projet. Cette influence, qui se ressent essentiellement sur les refrains, créera sûrement le fossé entre ceux qui aimeront le côté fédérateur et accessible des compositions et ceux qui trouveront ça trop lisse et en contradiction avec des couplets ou des breaks qui se veulent plus violents.
Cette mixité musicale risque justement d'être amèrement critiquée par ceux qui reprocheront un peu trop rapidement à FEVER 333 un manque d'identité propre et une envie de vouloir plaire à tout le monde, quitte à perdre en authenticité malgré une volonté de revendiquer un certain côté punk et urbain. C'est vrai, on peut se demander parfois s'il était bien judicieux de pousser la gueulante sur telle ou telle partie, comme pour justifier le côté revendicateur du groupe quitte à en faire trop et à paraître un peu braillard. Mais il serait franchement dommage et peu un facile de s'arrêter à ça alors que l'album regorge de super moments et ne cesse de nous surprendre à chaque nouveau titre comme sur l'excellent PREY FOR ME/3 qui explose et change complètement d'ambiance en plein milieu du morceau. L'ensemble passe plus que bien et les dix titres de l'album sont suffisamment accrocheurs pour qu'on se les réécoute, encore et encore.
Au final, ce premier album de FEVER 333 (qui a changé de nom 3 fois depuis sa création...) est une très agréable surprise pour débuter l'année et corrige les défauts des premiers morceaux du groupe en proposant une musique certes plus aseptisée et accessible mais aux qualités certaines qu'il serait dommage de bouder. Si votre âme est restée piégée à l'époque où sortait un certain Hybrid Theory, il y a de fortes chances que vous appréciez Strength in Numb333rs. Sinon, c'est peut-être que vous êtes devenu trop vieux et trop aigri, mais on dit ça comme ça, hein !