GOD IS AN ASTRONAUT n'est plus groupe à présenter. Les irlandais ont su imposer leur musique si particulière et reconnaissable au travers d'albums tous aussi incomparables les uns par rapport aux autres. Le groupe voit en Epitaph un nouveau départ, à la fois avec un nouveau label auprès de Napalm Records et un renouvellement de leur musique, très loin de ce que pouvait être leur dernière composition en 2015 d'Helios Erebus. On est ici beaucoup moins porté sur les guitares et davantage orienté vers la création d'une atmosphère mélancolique, sans sombrer dans la vacuité d'un dark ambient. Le côté post rock ressort bien plus, donnant lieu à ces sonorités et distorsions si particulières où viendront s'abattre ponctuellement quelques riffs.
L'écriture de ce huitième album a largement été influencée par des événements qui ont touché la vie des membres du groupe. Ces informations deviennent évidentes lors de l'écoute et une fois portées à connaissance, il est difficile d'en faire abstraction. Trois ans donc après leur dernière composition, le titre d'ouverture éponyme se remet doucement de ses émotions et démarre lentement afin de laisser cette ambiance propre aux irlandais de se mettre en place, où le coup d'envoi est donné par une lourde guitare qui s'effondre de tout son poids.
La structure musicale restera sensiblement la même où viennent ensuite s'articuler autour les différents éléments musicaux. Malgré cela, GOD IS AN ASTRONAUT va réussir à composer sept titres, tous différents, où chaque piste va s'approprier sa propre atmosphère. Là où Mortal Coil s'articule autour des instruments à cordes avec un clavier faisant office de rythmique, Komorebi et Medea jouent sur l'opposition entre une atmosphère sobre et aérienne en premier plan et des guitares lointaines pour un effet bourdonnant perçu comme une menace.
L'architecture y est intéressante pour un résultat qui fait mouche. L'entraînante Séance Room nous emmène ailleurs où à partir de la cinquième minute nous sommes littéralement plongés dans une ambiance beaucoup plus doom. La distorsion résonne comme un drone éthéré et plane de façon menaçante au-dessus de notre tête prêt à fondre sur sa proie.
A ce titre, l'usage des drones est plus fréquent mais très bien calculé suivant les interprétations voulues. Leur utilisation dans Winter Dusk fait basculer la chanson d'une ambiance mélancolique, avec ce piano triste ponctué de quelques notes de basse et d'une batterie en retrait, vers une atmosphère bien plus oppressante où les rôles s'inversent. Pour Oisin, le ressenti est davantage celui d'un essaim qui vient envelopper sa cible. On a beau lutter, la nuée persiste et le réflexe veut que l'on se recroqueville à l'instar du poids du chagrin où, quand on est au plus mal, nous pousse à nos retranchements les plus profonds. Les mélodies nous enveloppent pour nous réconforter avant de se relever, encore, et continuer à avancer.
C'est donc sur un ambiance chargée de tristesse et de nostalgie que GOD IS AN ASTRONAUT nous délivre cette Epitaph. En presque vingt années, le groupe continue d'offrir des mélodies singulières, très oniriques et surtout puissantes de par leur impact émotionnel.