Cette année voit le retour de nombreux artistes ayant marqué la scène hard-rock/heavy metal, et c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous attendions le septième opus de GODSMACK au titre aguicheur et à la pochette immaculée. Au sommet de leur carrière après avoir déchaîné l'enfer sur 1000hp (2014), on songe vraiment à ériger GODSMACK au rang de légende, prêt à franchir la septième porte du paradis sur ce When Legends Rise. D'après les propos du frontman Sully Erna, le titre de l'album renvoie au parcours du groupe depuis ses débuts. Un voyage marqué de temps forts autant que difficiles, de tensions capables de détruire le groupe mais qu'ils ont surmontées fièrement. "Comme le phénix qui renait de ses cendres, on brûle tout et on reconstruit ensuite".
Le titre éponyme ouvre l'album sur un rythme tribal développé par le batteur tentaculaire Shannon Larkin. On sent que le groupe va rapidement nous embarquer dans son univers rempli d'émotion. La rage au ventre, Sully prend la parole suivi par les guitares électrisantes auxquelles nous a habituées le groupe. Une entrée en matière paradoxalement succincte et progressive que le groupe maîtrise avec brio depuis son premier album. Le son est parfaitement calibré, tout est parfait !
Mais voilà, c'est tout le problème ! Comme beaucoup d'albums de ce registre sortis cette année le refrain est un peu pop et trop lisse. La tendance se confirme avec le second titre Bulletproof qui se rapproche d'un Saints & Sinners (The Oracle - 2010) avec son chant moins rugueux. Le rapprochement avec le projet solo de Sully est dans tous les esprits, plus focalisé sur la chanson rock que sur le heavy metal. Bien que les deux carrières de Sully soient un régal auditif, GODSMACK n'a pas forgé sa réputation sur la douceur et certains fans se retournent déjà vers leurs vieux CDs du groupe.
C'est avec une petite déception que j'aborde cet album, pourtant ouvert aux nouvelles propositions et surprises artistiques. Mais cette tendance chez GODSMACK, comme d'autres groupes semi-mainstream façon PAPA ROACH, DISTURBED jusqu'à FIVE FINGER DEATH PUNCH, peut tourner rapidement à un truc lourd, surmixé et finalement peu ragoutant. C'est comme le Haggis (que beaucoup trouvent délicieux), farci de bonnes intentions mais il ne fallait pas se donner tant de mal pour réussir... Pour citer HOLLYWOOD BURNS (sur Hans Zimmer, NDLR) : "Avec ces mecs là j’ai l’impression que pendant tout le film on me gueule dessus "Et là !? Tu la sens mon émotion !!?"". " Exit le son direct et teigneux des premiers albums du groupe ; valable aussi pour l'excellent prédécesseur de cet album au mixage nettement plus sobre et agressif. Le groupe semble alterner ces approches poppy/punchy au sein même de l'album sans régularité et sans jamais parvenir à les associer de manière dynamique, ce qui pousse à décrocher (à tort) un peu trop vite au moindre passage à vide. Le groupe visiblement conscient de cette particularité, répond aux critiques des fans pour leur conseiller de commencer par la seconde moitié de la galette. La tendance est claire, le groupe cherche d'abord à se démarquer de son album précédent, ils sont le yin et le yang. Démarche intéressante si tant est que nous aurons besoin de recul pour l'apprécier à sa juste valeur dans une plus vaste discographie, qui nous l'espérons nous surprendra encore.
Les premières notes de Every Part Of Me font presque penser à un vieux SLIPKNOT, morceau remarquable bien que mélangé à la mouture plus légère de l'album. Ce titre tire son épingle du jeu avec des guitares hurlantes et un chant prenant aux tripes. Sur la fin de l'album, le dénouement est excellent avec une belle montée en puissance sur le chapelet des 4 derniers titres. La première Just One Time avec son final rythmique rappelant The Beautiful People de MARILYN MANSON, Let it Down et ses jeux vocaux situés entre de la comptine et le "Get Back on Track, Bèck, Bèck..." du monument Bad Magick (Awake -2000), puis les solos métalliques de Eye Of the Storm.
When Legends Rise est donc un album hétérogène marqué de mouvements alternant violence et plaintes, plus accessible dira-t-on simplement, avec des morceaux tels que Take It to The Edge et Someday qui n'apportent rien à cet album. Unforgettable est un peu plus séduisante avec ses choeurs ainsi qu'Under Your Scars sur fond de piano et violons sortant presque du projet sully de solo (ou l'inverse ?). A mon sens, tous les albums de GODSMACK se valent en termes de qualité et de composition. Le mixage très (trop) propre de When Legends Rise rappelle celui de The Oracle et ce qu'on en retient est similaire : quel dommage ! Cet album dévoilera tout son potentiel en live.