Achtung achtung, HANZEL UND GRETYL sont de retour ! Toujours aussi Satanik, toujours aussi Germanik, mais toujours über alles ? Ces dernières années, le duo new-yorkais faisait dévier sa musique vers des contrées plus sombres, plus poisseuses, lorgnant plus du coté du black metal et ses noires forêts que des pyramides aztèques qui partent dans l'espace. Sur le papier, la formule, évidemment à prendre au sixième degré, est prometteuse. Dans les faits, HANZEL UND GRETYL n'a plus jamais été aussi réjouissant qu'à l'époque où l'électronique dominait. Qu'attendre d'Hexennacht dans ces conditions, surtout que l'album n'arrive qu'à peine un an et demi après le précédent ?
C'est donc avec un enthousiasme tiède que l'on aborde le disque : oui, ça va être rigolo. Oui, ça va être lourd. Mais après ? Pourtant, avec ses chœurs et son violon théâtral, l'intro du morceau-titre s'empare de nos tympans en les chopant directement là où vise HANZEL UND GRETYL : sous la ceinture (si cette phrase n'a aucun sens d'un point de vue anatomique, c'est vous qui êtes trop vieux). Quand les riffs impitoyables et la rythmique parpaing le font entrer dans les choses sérieuses, un événement se produit : sans même en être pleinement conscient, on se met à monter le son, toujours plus fort, et à froncer les sourcils, toujours plus froncés. Oulala, mais c'est que c'est très très sombre tout ça ! "Hexennacht", nous grogne Vas Kallas pendant que les borborygmes démoniaques de Kaiser Von Loopy et les chœurs, toujours déments, plantent un décor so über-schwarz. Avec HANZEL UND GRETYL, ce n'est jamais trop.
Ce début d'album est jouissif. C'est comme ça. Allez savoir si ce sont ces satanés chœurs très kitch digne de CRADLE OF FILTH qui étoffent l'atmosphère, si c'est le black metal qui tâche de Draconia Teutonik, le retour à des sonorités plus industrielles sur Nüll, l'agressivité immédiate de Vultures of Death, le délire electro indus de Der Kaiz3rn8tor et ses paroles totalement débiles récitées avec un accent plus caricatural tu meurs, ou si le chant, plus rugueux et abyssal que jamais a retrouvé le chemin de nos tripes, mais ça fonctionne. HANZEL UND GRETYL est de nouveau fun et semble avoir retrouvé la formule d'un son lourd, puissant et accrocheur sans être indigeste et laborieux. Les intros grandiloquentes y sont indubitablement pour quelque chose.
Vortex infernal, Hexennacht ne peut cependant pas maintenir sa folle énergie sur l'ensemble de sa durée. La fiesta finit par épuiser, forcément. On s'y perd un peu, quelque part entre Wolves+Witches et Hellmeister, lassé par une recette qui varie peu. L'album aurait sûrement gagné à être plus court. Heureusement, son final sur Eine Kleine Hexennacht Muzik, réponse au premier titre de l'album, est top : rythmique electro festive, retour des chœurs possédés et grosses guitares so teutonik : HANZEL UND GRETYL ne nous pond peut-être pas un nouveau hit à la hauteur de ses succès les plus kult, mais a retrouvé le sens de la grosse fiesta des enfers goût saucisse.
Si Hexennacht n'est pas sans défauts, le mélange entre metal industriel et black metal n'avait jamais été aussi maîtrisé par HANZEL UND GRETYL, qui avait besoin de peaufiner sa recette en y ajoutant une dimension symphonique digne d'une soirée d'Halloween entre lycéens. On s'amuse de nouveau pour de vrai avec ce disque bien gras, bête et méchant comme il faut et, accessoirement, le meilleur album du groupe depuis les années 2010. Alors oui, comme de bonnes saucisses arrosées de bière, c'est trop gras, trop sucré, trop salé, et selon le niveau de tolérance de chacun certains en auront marre dès les premières secondes... Mais ça fait du bien par où ça passe.