Ces derniers temps, la popularité et l'exposition de HO99O9 semble avoir décuplé : le duo du New-Jersey enchaîne les concerts (ils sont notamment passés par le Hellfest 2018, ont ouvert pour MARILYN MANSON et THE PRODIGY), les featurings prestigieux (deux titres avec le groupe de metal industriel 3TEETH et un avec THE PRODIGY) et leurs tronches impayables squatent même les nouvelles pubs de la marque Dr. Martens ! Leur mélange totalement barge de rap et de punk dopé aux sonorités electro / indus et leurs concerts déments séduisent un public de plus en plus large. Histoire de continuer sur cette dynamique, Eaddy et theOGM sortent Cyber Cop, EP généreux ou mini-album, un an et demi seulement après The United States of Ho99o9.
Avec un dernier album très electro et, peut-être, étrangement propre par moments, HO99O9 avait néanmoins pu inquiéter certains fans : les deux grands malades derrière le projet risqueraient-ils de finir par rentrer dans un moule plus aseptisé et prévisible ? Une pulsation electro et une voix lugubre lancent Is it Safe to Internet ? avant que tout ne s'emballe et que HO99O9 nous plongent en pleine tempête : la batterie frénétique contraste avec les machines retro-futuristes qui nous plongent dans l'univers cyberpunk de l'EP (le clin d'oeil à Judge Dredd via le titre Mega City Nine vient souligner le trait). Non, ce n'est pas "safe" d'écouter HO99O9. Le mot qui décrit le mieux la musique de HO99O9 est peut-être "intense" : si Internet Thuggin' laisse tomber la rythmique punk du premier titre pour sonner plus hip-hop, ça n'en est pas moins furieux et hardcore. La sirène anxiogène en fond et l'agressivité des paroles nous replongent dans l'univers cauchemardesque et violent dans lequel HO99O9 évolue depuis ses débuts. La voix au début de Forest Fires nous maintient dans cette ambiance horrifique avant que des hurlements ne viennent l'interrompre. On tient peut-être le titre le plus indus de l'album, bruitiste, massif, bestial et puissant. Si certains en doutaient, Eaddy et theOGM n'ont rien perdu de leur capacité à cogner très fort et à traumatiser leur auditeur avec leur son viscéral et sauvage qui n'obéit à aucune règle.
Ce refus de conventions et d'obéir aux codes est ce qui rend HO99O9 si jouissif à suivre : musicalement, ils font exploser les cases. Sur scène, l'excentricité dont ils font preuve, parfois très drôle, peut agacer les plus bougons. C'est ce rejet des convenances, cette énergie inusable qui fait de HO99O9 un projet totalement punk dans l'âme. Punk Police vient d'ailleurs, avec un certain humour, remettre les pendules à l'heure : après tout, qui a besoin qu'on lui dise ce qu'il doit ou ne doit pas faire ? Si HO99O9 veut mélanger les genres, se pointer avec de longs ongles peinturlurés sur scène et des tenues extravagantes, pousser des cris et faire de la pub pour une marque célèbre, c'est leur choix et Cyber Cop prouve que le groupe n'a rien perdu de son intégrité. "I do what I want, you can't tell me shit !" scandent-ils dans les refrains de Delete my Brower History, morceau aux couplets particulièrement glauques. La liberté de HO99O9 est toujours aussi rafraîchissante, et c'est cette même liberté qui leur permet de conclure brutalement leur disque pendant Leader of Pain, dernier morceau très punk, au risque de nous frustrer ou nous laisser sur notre faim avec ce refrain qui ne demandait qu'à continuer.
Alors que HO99O9 n'a jamais été aussi populaire et fédère un public de plus en plus nombreux et varié, le groupe du New-Jersey prouve avec Cyber Cop qu'il n'a rien perdu de son énergie et de sa rage. La violence de monde "réel" omniprésente chez le groupe, surtout dans le dernier album, laisse peut-être sa place à un background plus cyberpunk mais l'EP n'en est pas moins violent, intense et inquiétant. C'est une nouvelle oeuvre radicale, démente, un nouvel uppercut jouissif. Attention, ça s'écoute très fort et ça laisse des séquelles.