Avec Invaders, paru en 2018, HOLLYWOOD BURNS apportait dès son premier album un sacré vent de fraîcheur à la synthwave, dépoussiérant avec enthousiasme plusieurs poncifs du genre. En ancrant son travail dans un univers science-fictionnel inspiré par les films des années 50 et 60, Emeric Levardon proposait un cocktail aussi fun que dépaysant. Reste à voir si, avec son deuxième album, HOLLYWOOD BURNS confirme cette belle première impression.
L'artwork en jette toujours autant. C'est déjà un bon point. On est d'emblée plongés dans cette folle histoire d'invasion extra-terrestre, où l'humanité se fait décimer par une flotte de soucoupes volantes. Le jeu de massacre peut (re)commencer, et après une introduction rappelant très fort les compositions de Danny Elfman pour Mars Attacks ou Men In Black, HOLLYWOOD BURNS attaque fort. The Age of Saucers mélange agressivité, intensité dramatique et même romantique, petites pauses au piano et décontraction, avec quelques chœurs pour donner au tableau des dimensions épiques. On la traverse comme un film d'aventure effréné plein de péripéties.
On est rassurés sur un point : le projet n'a rien perdu de sa folie, de son énergie et de sa générosité. Ça dézingue à toute berzingue et HOLLYWOOD BURNS jongle toujours habilement entre l'ombre et la lumière. On apprécie aussi bien la pesanteur et l'impact apporté par la batterie (par exemple sur Abomination from Planet X et Skylords) que la guitare bien cheesy de The Heist of Area 51, la violence de Saturday Night Screamer que le mystère intersidéral de Silent Fortress ou ce chant mélancolique et conquérant sur Skylords. Tout cela a des airs de remix cyberpunk de John Williams, avec thérémine et solos de guitare parcimonieux. Si l'effet de surprise d'Invaders est un peu passé, The Age of Saucers a cependant encore plus d'ambition, plus d'ampleur que son illustre ainé. Levardon y embrasse comme jamais ses diverses influences retro et cinématographiques qu'il digère et mélange sans cynisme mais avec talent, appétit et une réelle envie de proposer quelque chose qui embarque son auditeur dans son univers bigarré.
Alors que les Martiens grimaçants du film de Mars Attacks squattent le final de Saturday Night Screamer avec leurs ironiques "we are your friends", on ne peut que constater qu'HOLLYWOOD BURNS réussit en effet à retranscrire en musique le plaisir narquois que l'on éprouve face au jeu de massacre organisé par Tim Burton. C'est totalement fou, turbulent, jouissif et sacrément cool.