Revenu en 2016 après une bonne quinzaine d'années d'absence, IN THE WOODS... avait fait plaisir à ses fans avec Pure, un album dans lequel le groupe refusait de se reposer sur les lauriers confortables du comeback pour au contraire continuer à évoluer et surprendre. Le résultat, cependant, manquait parfois d'assurance, notamment dans le chant parfois répétitif et monotone de Fogarty, fraichement arrivé. Du coup, après avoir mis 17 ans à sortir un album, les norvégiens n'ont eu besoin que de deux années pour nous concocter Cease the Day. Allez, disons que Pure était un réveil en douceur : il est temps de voir ce qu'IN THE WOODS... a réellement dans le ventre en 2018.
Les fans ont cependant de quoi s'inquiéter : avec le départ des frères Botteri (guitare et basse), IN THE WOODS... a été obligé de se reconstruire autour de son batteur Anders Kobro, présent depuis le début de l'aventure, et du chanteur James Fogarty arrivé à l'époque (récente) de Pure. Empty Streets est néanmoins une ouverture idéale pour Cease the Day : un chant mélancolique lance le morceau qui, comme les norvégiens le font si bien, mélange les influences doom, pagan, death, progressives et gothiques pour en créer quelque chose d'unique, guidé par la mélodie mais où la mélancolie n'empêche pas des moments plus tumultueux lors desquels l'ADN plus extrême du groupe rejaillit soudainement. Il n'est pas interdit de penser à ENSLAVED : c'est à la fois beau, sauvage et puissant, et surtout, ça sonne comme du IN THE WOODS... sans le moindre doute. La forêt est un lieu magique où foisonne la vie, mais c'est aussi un lieu primitif, effrayant, où se cachent les truands, les bêtes sauvages et le diable. IN THE WOODS... traduit cette dualité dans sa musique, à la fois apaisante et furieuse. Aux riffs entêtants de Substance Vortex répond la tristesse de Respect my Solitude ou les refrains de Cloud Seeder et son intro mystique. Sans ne jamais avoir un son aussi dur que Heart of the Ages, Cease the Day assume pleinement les influences black du groupe, comme sur la magnifique Transcending Yesterdays où les couplets incisifs contrastent avec des refrains plus contemplatifs où le chant de Fogarty rappelle diablement celui de Fernando Ribeiro sur Extinct de MOONSPELL : grave, clair, plaintif et accrocheur. C'est d'ailleurs une des forces de l'album : il est séduisant. Du début à la fin, ses riffs nous emballent alors que ses mélodies restent en tête facilement sans pour autant que Cease the Day ne révèle tout ce qu'il contient dès le premier aperçu : sa richesse ne se dévoile au contraire qu'au fur et à mesure de l'écoute jusqu'à conclure sur le morceau-titre sous allure de poème fantastique qui semble faire écho aux débuts du disque, concluant ce nouveau cycle et nous invitant à reprendre l'écoute depuis son départ.
Sans se réinventer ni se répéter, IN THE WOODS... nous offre avec Cease the Day un album fidèle à ce que l'on peut attendre du groupe, sombre, riche et inventif. Dans la lignée de Pure, ce disque est pourtant plus approfondi, plus poussé et le groupe semble enfin réellement retrouver et affirmer son identité.