Il est facile d'être attiré par IN THIS MOMENT : les visuels ont de la gueule et l'univers est bien retranscrit sur scène. Un commentaire sous un des clips du groupe sur Youtube remarquait d'ailleurs que la chanteuse Maria Brink ressemblait de plus en plus à "un boss de Final Fantasy" : la démesure visuelle sombre et mystique d'IN THIS MOMENT a de quoi impressionner. Musicalement, le constat est plus mitigé. Se plaçant en héritier de Ritual (2017), Mother était annoncé par le groupe comme leur album le plus heavy depuis Blood. Il reste donc à voir si le contenu est à la hauteur du packaging.
Non, évidemment, bien sûr qu'il ne l'est pas. On n'y a pas cru une minute, mais enterrer d'emblée IN THIS MOMENT serait expéditif et bien dommage. L'idée derrière Mother est d'évoquer une déesse (bien proche du personnage de Maria Brink, d'ailleurs) et la spiritualité l'accompagnant, on n'est donc pas surpris de retrouver dès le début une tentative d'instaurer une ambiance vaguement mystique via quelques chuchotements et nappes anxiogènes qui laissent leur place aux percussions de Fly Like An Eagle.
Le vrai problème, c'est qu'on n'y croit jamais. Les qualités d'IN THIS MOMENT sont aussi les limites d'un groupe qui se repose peut-être trop sur son visuel (certes très chouette) et son (excellente) chanteuse. Nouveau one-woman-show de Maria Brink, Mother est un album archi-produit où les riffs se limitent au strict minimum pour mieux laisser tout l'espace à la performance de la charismatique chanteuse, dont les cordes vocales ne méritaient peut-être pas d'être autant maltraitées par des couches d'effets qui, hélas, rendent le rendu trop artificiel pour susciter la moindre émotion. On en revient à cette notion de belle vitrine avec, malheureusement, peu de substance derrière.
Pourtant, l'album n'est pas nul. C'est convenu, certes. Agaçant sur la durée, aucun doute. Mais il y a un savoir-faire dans ce mélange aseptisé de metalcore, de neo-metal et de metal industriel des années 90 qui lui confère une efficacité indéniable le temps de quelques morceaux plus mémorables. The In-Between, As Above, So Below ou Hunting Grounds (avec Joe Cotela de DED) sont des exemples parfaits de hits immédiats et fédérateurs qui passent nickel après quelques bières et que l'on range entre un single de ROB ZOMBIE et DISTURBED. Le morceau-titre, plus épuré, avec ses chœurs et percussions martiales, est un tube pop parfaitement calibré et porté par l'interprétation puissante de Maria Brink qui flirte avec la soul. Entre-temps, il faut quand même se cogner des trucs comme cette reprise de We Will Rock You de QUEEN aussi inutile qu'opportuniste mais où il faut admettre qu'encore une fois, IN THIS MOMENT sait y faire pour pondre un truc qui fera hocher les têtes en festival (ou dans les stades de foot, hein).
Mother propose un ensemble qui se répète (d'autant plus que c'est la même soupe depuis quelques années maintenant) et où, l'image semble toujours être le soucis principal d'IN THIS MOMENT. Heureusement, le groupe est emmené par une chanteuse au talent rare, mais qui a tendance à empiéter sur le reste de la musique, bien plus générique, au point de virer à l'ego-trip crispant. Inoffensif et superficiel, Mother est cependant un produit honnête si on le prend pour ce qu'il est : une œuvre générique, interchangeable et sans aucune aspérité pour vraiment déranger mais qui aura probablement fière allure une fois incarnée sur scène par celle que certains surnomment "la Lady Gaga du metal". La musique doit aussi rassembler et n'a pas toujours besoin d'être avant-gardiste: un peu de soupe en famille, ça n'a jamais tué personne tant que ça reste à dose occasionnelle.