La synthwave a le vent en poupe, notamment en France. Ce n'est plus nouveau : les sonorités 80's faisaient déjà groover les popotins dans les 80's. Logique. Ce qui était bath à l'époque n'est par contre pas forcément aussi bath en 2018, mais heureusement, John Carpenter a mieux traversé les époques que Crocodile Dundee, et toute la scène darksynth semble avoir infusé dans ses synthés si rock'n'roll, rêvant d'un futur tout en néons et voitures volantes où Kurt Russel et Harrison Ford seraient rois. C'est dans ce mouvement à la fois nostalgique et futuriste que s'inscrit JACK MANIAK (side-project de Jean-Philippe Ouamer de IDENSITY et OMRADE), dont Code 403 est le premier album. Il y est question d'un adolescent doté de super-pouvoirs qui doit affronter une invasion d'extra-terrestre.
Cette dimension narrative, bien sûr, on la connaît car elle est précisée par l'artiste et développée par l'artwork : Code 403 est un album uniquement instrumental (si l'on oublie quelques samples). Et pourtant, on est totalement plongés dans cette ambiance "venue d'ailleurs", comme par exemple grâce au thérémine délicieusement retro du morceau-titre. On pourrait rapprocher JACK MANIAK du duo ELEVN, des Français aussi : dans les deux cas, les artistes sont assez vieux pour avoir vécu consciemment pendant les années 80, ce qui, en plus d'en faire d'impressionnants fossiles, diffère des nombreux acteurs de cette scène qui ancrent leur démarche dans une vision fantasmée de l'époque. JACK MANIAK assume ses influences metal, à l'instar de PERTURBATOR ou CARPENTER BRUT, avec des guitares apportant une puissance et une épaisseur aux rythmiques, insufflant aux boucles hypnotiques une énergie bienvenue.
Code 403 est un album immédiatement accrocheur et vite addictif qui regorge d'éléments inattendus qui enrichissent la musique de JACK MANIAK : on a déjà mentionné les thérémines, mais on pourrait évoquer les mélodies orientales et les invocations tribales de Tribal Mob, les choeurs fantomatiques de Space Invaders entre deux riffs très metal indus, etc... Bien que fidèles aux codes du genre, les morceaux maintiennent l'attention de l'auditeur grâce aussi bien à leur dynamisme et leurs grosses guitares (No Fate, Final Departure, Sky Demons) que leurs ambiances rétro-futuristes planantes, comme les nappes lumineuses de Glory et ses guitares bien cheesy en conclusion d'album.
Certes, comme souvent avec les projets de ce genre, on va vers JACK MANIAK pour le côté référentiel qui flatte le geek nostalgique qui sommeille plus ou moins en chacun de nous (sauf pour ceux qui n'ont pas d'âme), mais c'est au final pour la musique que l'on reste. Code 403 propose une succession de morceaux efficaces, accrocheurs, décomplexés et plein d'énergie. Au-delà d'un servile hommage, JACK MANIAK offre une oeuvre travaillée, où se superposent avec harmonie nappes de synthés, riffs de guitare et divers samples pour donner corps à cet univers à la fois jouissif, régressif, et tourner vers un avenir qui a eu lieu il y a plus de vingt ans.