Chronique | Kallidad - The Odyssey

Spoon 2 août 2017

"Chacun de nous suit sa propre Odyssée et celle de KALLIDAD semble être aussi frénétique et inattendue que le récit d'Homer" dixit Julz. Le trio australien de metal acoustique sur fond de flamenco, composé donc de Julz aux percussions et de Jace et Tom aux guitares, affiche différentes étiquettes : thrash flamenco, mariachi metal, gringo flamingo (?!)… Nul ne semble pouvoir leur attribuer un style ce qui est souvent révélateur d'une musique atypique et unique. Alors laissons le groupe se présenter lui-même avec la meilleure des façons, id est à travers sa musique.

The Odyssey est le départ d'une grande aventure. Le ton est donné in medias res dès les premières notes : convivialité, ensoleillement, calme et sérénité… mais vient rapidement l'élément perturbateur. Le rythme change et devient effréné. L'on part alors vers un voyage musicale riche et singulier dans lequel les australiens nous embarquent. La mélodie dicte littéralement nos émotions et nous guide selon ses désirs, tel Éole soufflant sur les voiles du navire d'Ulysse, que l'on peut par ailleurs entendre très subtilement dans la première partie de la chanson.

La première escale se fait auprès de Señorita Margarita qui doit son nom à la personnification d'une tierce personne chère au groupe. Tous éventails et castagnettes dehors, c'est en direction de l'Espagne que la mélodie nous emmène sur son flamenco ardent et pimenté d'une technicité absolue. Une atmosphère parfaitement retranscrite sur un style qui n'a désormais plus de secret pour KALLIDAD. A la fois en totale opposition et en complémentarité de la douce hispanique, Big Bill's Blues rappelle le campeur solitaire, en pleine cambrousse avec pour seule compagnie sa guitare ; ou plutôt ses guitares puisque c'est sur la dyade entre Jace et Tom que la musique est bâtie. Chacun répond à son binôme dans une fluidité fusionnelle.

Maintenant que les protagonistes ont été présentés, il est temps de commencer réellement cette odyssée avec The Naming Ceremony et son rythme enjoué, presque moqueur. L'énergie du groupe est musicalement transférée au travers de ces notes pour mieux nous préparer à affronter le prochain récit. The Strasbourg March – inspiré d'bescht stàdt d'welt, unser scheena Elsàss – s'inscrit dans la continuité de la piste précédente mais sur un caractère beaucoup plus énergique où les influences metal ressurgissent jusqu'à un final déchaîné, explosif, frénétique.

Depuis les terres alemannisches, c'est à l'autre bout du monde qu'El Mexicano nous plonge dans le far-west cinématique. Ici encore, les guitaristes se livrent à un duel arbitré par la percussion et narré par le son de la trompette mariachi, le tout orchestré par divers éléments symphoniques. Au beau milieu de la poussière et des cactus, notre esprit devient plus propice à divaguer et la nostalgie refait souvent surface. Celle-ci va nous conduire à Prestige Revealed, qui est l'une de leurs premières compositions, celle qui a tout déclenché, qui est rejouée ici avec les membres actuels. Entre rythmes effrénés et soli techniques, cette piste est l'une des plus nerveuses de la discographie du groupe.

Le voyage se conclue avec Ithaca sur une douce et reposante mélodie. Après avoir parcouru tant de kilomètres lors des tournées européennes, c'est éreinté mais les yeux remplis de souvenirs que le trio rentre enfin sur son île natale, l'Australie par analogie avec Ithaque. The Odyssey nous a ainsi raconté le quotidien du groupe entre leurs tournées, leurs entourages, leurs rencontres, mais aussi les lieux qu'ils ont visités et comment toutes ces épopées ont influencé leur musique, comment celle-ci a grandi avec le groupe lui-même, que ce soit sur le plan technique ou humain.

Du flamenco au metal, en passant par le blues et le mariachi, KALLIDAD nous montre avec The Odyssey l'étendue de ses capacités techniques tout en harmonisant différents styles en une musique singulière, unique et empreinte d'une énergie infinie transmise par des musiciens qui s'amusent avant tout. KALLIDAD est typiquement le genre de groupe sur lequel on s'arrête par curiosité mais où l'on reste une fois notre attention obtenue.