Il y a quelques années, KAMERA OBSCURA sortait l'Ep Copycat, mélange de reprises et de remixes qui permettait au groupe de s'amuser avec ses références horrifiques. Entre temps, le très solide The Final Cut est sorti, marquant une évolution vers un son plus lourd et moins industriel, mais toujours fidèle à l'univers du groupe (avec notamment une convaincante reprise du thème de Phantasm). Copycat Vol. 2 renoue avec cette envie de rendre hommage via cinq nouvelles reprises et un artwork composé à nouveaux de trois images de film cultes.
Un rapide coup d’œil à la tracklist apporte déjà son lot d'enseignements : exit les reprises de thèmes musicaux (outre Phantasm, le groupe s'était notamment attaqué à Halloween ou Profondo Rosso), et on aura enfin droit à une version studio de Christian Woman, que KAMERA OBSCURA joue sur scène depuis un petit moment. C'est d'ailleurs le morceau que le groupe a choisi pour mettre en avant son EP et on les comprend : le style de TYPE O NEGATIVE, à la noirceur surjouée et à la lourdeur gothique fleurant bon la pierre tombale, entre second degré et mélancolie, sied particulièrement à KAMERA OBSCURA, qui se l'approprie avec brio, le chant de Cécile MN y insufflant une névrose et un désespoir nouveau.
Si les bandes-son de nos plus beaux cauchemars sur pellicule ne sont pas rejouées ici, le cinéma est bien sûr toujours au cœur du projet. Ainsi, le timbre unique de Vincent Price, odieux Matthew Hopkins, hante comme il se doit The Witchfinder General, le titre seul de Cat People renvoie à Jacques Tourneur et les liens entre DANZIG et le genre ne sont plus à prouver (vous avez vu Verotica ? Il faut savoir prendre des risques dans la vie !). Musicalement, KAMERA OBSCURA respecte ses modèles tout en apportant sa touche, comme par exemple quand les guitares alourdissent l'intro de Cat People jusqu'à un son très doom du meilleur effet ou donnent un groove nouveau, à la fois plus chaleureux et sinistre, à la déjà très rigolote Witchfinder General de CATHEDRAL.
Surtout, en allant piocher dans un répertoire varié, le groupe s'amuse à passer en revue ses différents registres, du punk au heavy en passant par la lourdeur goth. En cinq morceaux, KAMERA OBSCURA donne la pêche tout en imposant sa touche grâce à ses guitares menaçantes et ce chant spectral aux fêlures laissant transpirer ce qu'il faut de noirceur et de folie.
L'exercice de la reprise est périlleux et KAMERA OBSCURA s'en sort bien. Si on aurait parfois aimé plus de folie et de libertés, comme sur le premier Copycat, l'hommage n'en est que mieux rendu et le groupe se protège des accusations de “massacres“ par les ayatollahs puristes ne jurant que par leurs classiques. Ce Copycat Vol. 2 est un EP sympathique, un cadeau en forme de clin d'oeil moins pesant et sinistre que le précédent album du groupe et à prendre comme une invitation à se retrouver bientôt, on l'espère, pour célébrer à nouveau nos pires cauchemars en faisant la bringue.