Même si KAMERA OBSCURA avait sorti le chouette EP Copycat pour patienter, le successeur de l'excellent Dark Reels commençait à se faire attendre. The Final Cut est enfin là, et on s'y plonge comme on voit un film d'horreur des années 80 : avec la promesse de passer un chouette moment, tirant une forme paradoxale de réconfort de toutes ces ambiances macabres.
Même si plusieurs morceaux avaient déjà été joués sur scène, il était difficile de savoir à quoi s'attendre exactement : le groupe nous confirmait en interview une orientation moins industrielle sur cet album. L'électronique est cependant toujours bien présente, par touches certes plus discrètes, et le travail des synthés sur les atmosphères est parfaitement dosé. On s'en rend compte dès les premières secondes de l'album avec l'intro jouissive de The Howling qui procure ce plaisir régressif typique des musiques de série B. Chaque morceau fait toujours référence à un film précis, autant vous dire que la tracklist est pleine de bons conseils si vous ne savez pas quoi faire de vos samedis après-midi pluvieux ! Au long de ces différents titres, on découvre que KAMERA OBSCURA propose un son peut-être moins agressif que par le passé (on est loin des riffs de Flesh Eaters par exemple) mais aussi plus lourd, emprunt d'une pesanteur mélancolique et inquiétante (même s'il arrive que le rythme s'emballe, comme sur Beyond the Valley of the Dolls par exemple). Le ton est le plus souvent lugubre et menaçant, mais aussi séduisant et addictif (I Spit on Your Grave ou Obey et ses faux airs de ROB ZOMBIE ont des couplets particulièrement peu guillerets qui restent en tête pour la journée).
Ce qui marque le plus dans The Final Cut, c'est le travail minutieux et l'attention évidente dont il a profité, la façon dont chaque élément se met en place, les petits détails que l'on remarque encore après plusieurs écoutes (une petite note par-ci, des chuchotements par-là) ou encore la façon dont la guitare nous guide tout du long d'univers en univers. L'album gagne à chaque écoute, alors que les différents morceaux révèlent toute leur subtilité et leur richesse. Il y a par exemple l'impressionnante Texas Chainsaw Massacre et sa batterie folle, il y a le chant qui part dans des directions inattendues comme jamais (Antichrist et ses invocations flippantes ou l'incroyable Lucifer Rising suintante d'un désespoir malsain), et toujours les samples si indispensables. Au milieu de l'album, comme un renvoi aux reprises de Copycat, on trouve également une superbe reprise du thème de Phantasm qui rend si bien hommage à l'onirisme morbide du film de Coscarelli en y apportant une pesanteur digne du Tall Man joué par le regretté Angus Scrimm.
Avec The Final Cut, la musique si unique de KAMERA OBSCURA, dont les influences vont du metal gothique à l'indus en passant par les bandes-sons des années 70 et 80, s'est incroyablement étoffée. Au fur et à mesure des écoutes, tel riff, telle ligne de chant nous accrochent pour nous attirer toujours plus loin dans l'univers horrifique des quatre musiciens, nous encourageant à réécouter l'album encore et encore. Comme une malédiction qui ne nous lâche pas, un rituel impie, ou tout simplement comme un sacré bon disque.