KATZKAB, le joyeusement foutraque groupe de dark cabaret / post-punk basé aux dernières nouvelles entre Paris et Berlin est de retour avec un nouvel EP, Exercices de Décorporation n°1: Articulation Spatio-Temporelle Mandibulaire (ouf). Amateurs d'univers froids et aseptisés et autres maniaques, passez votre chemin. Le nouveau numéro s'annonce, comme d'habitude, généreux et décalé.
Dans son dernier album, Le Syndrome de Diogène, KATZKAB posait des mots bien sentis sur sa musique : ce besoin d'accumuler des objets hétéroclites définit finalement assez bien l'ambiance dadaïste de leur art. Il suffit d'un coup d'oeil à l'artwork pour comprendre que ce nouvel EP sera fidèle à ce principe : tout et n'importe quoi, en même temps, avec un goût pour le spectacle et l'étrange. Une basse impose son urgence dès Turn On histoire de rassurer les amateurs de post-punk avant que des synthés psychédéliques ou les cuivres affranchis de toutes règles de Frostbite ne donnent à la fiesta sa tonalité étrange. L'EP est court, on a à peine le temps d'en lire le titre que son écoute est terminée. C'est peut-être pour cette raison que KATZKAB déboule à toute allure et privilégie les morceaux rapides, malgré la chouette intro au piano de Speak Clearly et ses transitions circassiennes et free jazz complètement barrées. C'est à la fois savoureux et amusant, KATZKAB préférant danser qu'intellectualiser, ce que le remix signé HAMMERSHØI souligne bien.
L'espace-temps se distord et nous perd, les mandibules mâchouillent, remuent, jactent à tort et à travers : le format court convient à merveille à KATZKAB dont les idées fourmillent, trottinent, s'échappent et s'empilent comme autant de numéros d'un grand spectacle bordélique au parfum surannée de douce folie. La performance d'équilibriste brinqueballe sévèrement et vire à la gigue fiévreuse, mais tout cela se tient par on ne sait trop quel miracle et, une fois encore, KATZKAB nous embarque dans son univers fantasque insolite et hétéroclite. Chouette !