Il n'aura pas fallu bien longtemps à KIBERSPASSK pour sortir un second album. Remarqué grâce à son concept alliant folklore slave et musique industrielle, le side-projet de Natalya Pahlenko (NYTT LAND, pour amateurs de sonorités chamaniques et de steppes glacées) sort Smorodina deux petites années après See Bear.
La recette ne connaît aucun bouleversement majeure : on retrouve toujours les inspirations folkloriques, le chant de gorge, les guitares saturées, l'électronique et un mélange de mélancolie, de lourdeur et d'incantations ténébreuses qui faisait le sel de See Bear. Cependant, Smorodina affine et approfondit la démarche, optant ouvertement pour un son plus agressif, plus proche du metal industriel que de l'electro dark où les riffs rentre-dedans donnent aux morceaux une puissance accrocheuse, et où le chant prend une place plus importante, guidant l'auditeur dans un univers fait de sombres légendes. Les premiers titres s'enchaînent à un rythme soutenu, chacun ayant le potentiel pour devenir un hit entêtant (Koza Rogataia, Pole, Ne Otdam, Morozko).
Quand KIBERSPASSK ralentit, c'est pour laisser plus de place aux émotions que Pahlenko insufflent de sa voix claire (Daleko et un propos anti-guerre aux résonances forcément très actuelles pour une artiste Russe)) ou instaurer un sentiment de menaces inhérents aux sombres fables qui nous sont comptées (Viy, transition instrumentale dont les cloches d'églises évoquent forcément le très recommandable film d'horreur gothique anti-cléricale réalisé par Konstantin Ershov et Georgiy Kropachyov en 1967... dont on vous parlait par ici). Dans sa dernière partie, Smorodina surprend avec des influences pop et dance (on a très peur au début d'Ivan Durak, jusqu'à ce que l'ambiance soit plombée par des guitares plus pesantes) : KIBERSPASSK pioche allègrement son inspiration dans un très vaste panel de musiques électroniques, de l'indus à la synthwave en passant par la trance.
Au final, ce second album s'avère toujours très agréable à écouter mais aussi plus varié que son ainé. On se laisse secouer par les morceaux les plus agressifs, mais aussi emporter par le chant de Natalya Pahlenko qui varie les registres et sait donner à ses chansons des airs de sortilèges mystérieux. On s'y amuse aussi drôlement, finalement, malgré les noires histoires qui s'y trouvent, à l'image du clip de Koza Rogataia, la chèvre cornue, où la créature supposée effrayer les enfants pas sages finit par devenir leur ami. On rigole plus du côté des monstres.