Cela fait désormais plus de dix ans que le Canadien Cameron Findlay, basé à Los Angeles, entretient son imagerie mystérieuse tout en faisant danser ses adeptes avec Kontravoid et son mélange d'EBM, de pop sombre, de techno et d'indus. Detachment arrive trois ans après Faceless, plein de sombres promesses.
Au fil des ans, et surtout depuis Undone, le son de Kontravoid s'est à la fois durci et ouvert à différents horizons, embrassant le large spectre des musiques électroniques et gothiques pour proposer un ensemble nerveux et varié. Les premiers morceaux de Detachment s'enchaînent d'ailleurs comme une note d'intension : la tension furieuse d'Awaken, l'accalmie nostalgique de la très pop Losing Game avec Chelsey Crowley de Nuovo Testamento au chant ou la jouissive fureur darksynth cyberpunk de Reckoning proposent déjà un large panel d'atmosphères.
Quand les nappes contemplatives des synthés viennent donner une texture hallucinée aux rythmiques, les origines canadiennes de Findlay sautent aux tympans (dans ses moments les plus torturés, comme Sin Walker ou le morceau titre en conclusion, Kontravoid se réfugie à l'ombre des pionniers de Vancouver, Skinny Puppy et Frontline Assembly, tout en gardant son identité résolument moderne). L'efficacité reste le maître mot : la mélancolie a beau suinter du chant sépulcral de l'artiste, Kontravoid garde son dynamisme. C'est là que réside le talent de Findlay, dans sa capacité à créer de la nuance (Death Shot) ainsi qu'à proposer un ensemble à la fois engageant, accessible mais également riche, avec des mélodies qui véhiculent un panel d'émotions souvent négatives tout en laissant passer suffisamment d'espoir au milieu d'une approche rythmique, physique et intense et de structures pop addictives
Detachment est dans la lignée de ses précédentes sorties et en maintient le niveau d'excellence mais n'est jamais ennuyeux ni répétitif. Chouette numéro d'équilibriste entre l'énergie communicative et la mélancolie introspective, entre l'intime et le festif, ce nouvel album peut accompagner toutes vos sautes d'humeur, que vous avez prévu de danser sous la pluie ou de pleurer sous les spots.