Vingt ans ! Vingt ans ont passé depuis le dernier album des L7. Les Américaines avaient produit dans les années 90 un grunge lourd et énergique, qui avait culminé sur le dévastateur Bricks Are Heavy ; depuis quelques années, on sentait le groupe revenir progressivement dans le jeu, les L7 se sont d'abord reformées pour une tournée en 2014, puis il y eut en 2017 un single raillant Donald Trump intitulé Dispatch From Mar-A-Lago, suscité par l'agacement d'un groupe féministe à voir le milliardaire sexiste arriver à la Maison Blanche, jusqu'à ce qu'enfin vienne l'heure de ce nouvel album, Scatter The Rats.
Avec ce nouveau disque, les L7 reprennent tout bonnement les choses là où elles les avaient laissées en 1999, comme si les deux décennies écoulées n'avaient eu aucune prise sur elles ; c'est avec stupeur qu'on retrouve dans Scatter The Rats la même combativité, le même sens du riff batailleur et du rythme que sur leurs albums des années 90. Le style lui-même est identique, on est certes sur un album moins violent que ne l'étaient les excellents Smell The Magic et Bricks Are Heavy, proche du registre plus calme de The Beauty Process : Triple Platinum, mais on retrouve bien les riffs grunge lourds et agressifs ainsi que le chant virulent de Donita Sparks parfois soutenu par des chœurs. On n'a pas non plus l'impression d'une vulgaire redite dont l'intérêt serait pure nostalgie : ce sont de nouveaux morceaux qui conquièrent notre esprit, dans la pure continuité des albums précédents, une nouvelle façon d'explorer le style que l'on connaît au groupe. On retrouve nos L7 telles qu'on les connaît et aime depuis longtemps, apportant leur lot de nouvelles créations.
Si tous les morceaux de ce court album sont accrocheurs et parfaitement maîtrisés, on retiendra particulièrement l'entêtante Stadium West, la pesante Scatter The Rats, l'énergique Burn Baby. On peut certes regretter que le groupe ne soit pas revenu à quelque chose de plus offensif et désespéré comme l'étaient ses premiers albums qui restent ses meilleurs, mais on aurait tort de se priver du plaisir de cet album-résurrection. Le fait est qu'elles nous avaient manqué !