Bien qu'actif sous le nom de LAZER STATION depuis 2016, l'artiste anonyme derrière le projet produit de la musique depuis la fin des années 80. Skies of Rust, son nouvel album, nous emmène dans un univers futuriste dominé par la corruption et l'avidité, où la société et l’environnement se sont effondrés, reléguant ce qui reste de l'humanité dans des cités-dômes. Les musiques industrielles, cyberpunk et synthwave nous ont habitués à ce genre de paysages apocalyptiques peu glorieux, reste donc à savoir ce que LAZER STATION a à nous transmettre depuis son vaisseau spatial.
Le morceau-titre nous rassure sur un point : le son est suffisamment subtil pour éviter les pièges de l'agressivité débridée ou les envolées kitch un peu trop ouvertement ringardes ou lumineuses de la synthwave. Le dosage est maîtrisé, l'équilibre fonctionne : il y a ce qu'il faut de beats pour capter l'attention, mais on peut aussi apprécier les mélodies et les atmosphères. Amateurs de sonorités plus ténébreuses, la très cyberpunk Corruption of Society, le synthé glacial de No Hope ou les guitares synthétisées qui viennent muscler Circuits of Life, No respect for the Deadly ou Skulljacker devraient vous caresser dans le sens du poil. Skies of Rust est un album généreux s'étendant sur plus d'une heure, ce qui peut aussi perdre certaines personnes en route. Pourtant, avec son équilibre entre douceur poétique mélancolique (Watching the End, Population) et visions sinistres, c'est aussi un album ambiant que l'on apprécie avec plaisir, sans nécessairement être attentif à la moindre seconde de musique : on écoute LAZER STATION comme on écoute une bande-son de film ou de jeu vidéo. L'artwork mettait d'ailleurs la puce à l'oreille, l'inspiration principale étant le cinéma de science-fiction des années 70 et 80.
Peut-être qu'avec un tel visuel (ces armures menaçantes, son futur apocalyptique), le petit être vaguement préhistorique qui sommeille en nous attendait de LAZER STATION une musique plus sombre, plus lourde. Skies of Rust a beau avoir sa part de passages plombants, il est aussi un album qui laisse sa place à la douceur. Certes l'univers dépeint est peu réjouissant, mais ce n'est pas la destination qui compte : la traversée réserve ce qu'il faut d'agitation mais aussi de beautés à contempler. Amateurs d'errances spatiales, bon voyage !