Chronique | Light of the Morning Star - Wings in the Night Sky

Pierre Sopor 4 octobre 2024

Alors que les complaintes fantomatiques de l'album Charnel Noir (2021 - chronique) continuaient de hanter nos nuits, Light of the Morning Star sort à nouveau de son caveau. Ce projet né d'un seul artiste, O-A, cultive le mystère (à en croire les photos promo, ils seraient désormais deux) et ne dévie pas de son crédo : la nécromancie, le vampirisme, l'adoration du diable. Autant vous dire qu'avec de telles promesses, notre attention est évidemment captive et c'est avec un réel plaisir que l'on se lance dans Wings in the Night Sky comme on aborde l'automne.

Le retour de la nuit, du froid, de la mort, enfin. Ce n'est qu'avec quatre titres que le projet de metal gothique décide de torturer nos âmes : faut-il voir dans cet EP la prolongation de Charnel Noir ou un avant-goût de la suite ? Probablement un peu des deux. L'univers, toujours aussi immersif, est identifiable entre mille. Les influences aussi : Night Falls mélange ainsi la tension post-punk de la batterie et le brouillard glacé de guitares qui lorgnent parfois du côté du black metal. Le chant, distant, dissimule ses menaces et ses promesses derrière un voile de réverbérations brumeuses. Light of the Morning Star fait toujours dans le théâtral et le superbe et la musique, elle, prolonge son chemin dans les ténèbres gelées.

Hypnotique, poétique et inquiétant, l'EP dégage un parfum macabre délectable. Les mélodies fascinent alors qu'il se dégage quelque chose de purement maléfique, impitoyable (Burial Chamber Cold). Light of the Morning Star ne fait ni dans le grotesque ni dans le second degré et le résultat est atmosphérique et accrocheur à la fois, obsédant. A la nervosité de Phantom Lights, le titre le plus ouvertement metal, succède l'impressionnante Aura qui prend le temps de poser son ambiance cinématographique funèbre sublime : c'est lourd, c'est plus sombre que la nuit la plus profonde mais non dénué d'une forme de magie noire irrésistible. On frissonne : ça le fait, grave et l'EP, avec ses tableaux occultes, évoque les silhouettes sinistres de Lon Chaney, errant dans les ombres de Londres après minuit, de Bela Lugosi et sa cape, des visions en noir et blanc de Mario Bava ou Tod Browning...

Maléfique, sépulcral, hanté, putride, magnifique : avec juste quatre titres, Light of the Morning Star réaffirme la puissance de ses sorts aux ornements gothiques délicieux. Alors que l'on espère avoir des nouvelles de ce projet dans moins de trois ans, voilà de quoi accompagner les longues nuits d'hiver et nos errances parmi les tombes. Trop bien.