Avec un rythme d'un album par an et un visuel théâtral appuyé, LUNA 13 a ce qu'il faut pour se faire remarquer et la signature avec Cleopatra Records pour sortir Gorgo devrait effectivement leur apporter un supplément de visibilité.
Heureusement, chez le duo, tout ne se résume pas aux costumes et Gorgo vient prouver que la formule, sans être bouleversée, se perfectionne. Avec son mélange d'indus, de drum'n'bass, de dubstep et de black metal toujours plus abyssal, LUNA 13 invoque les Enfers dans nos enceintes sans utiliser la moindre guitare. On les connaît ces groupes qui viennent faire pouêt-pouêt bleuaaargh déguisés en vampires avec des masques à gaz. Chez LUNA 13, l'électronique n'est pas là pour faire danser. Sans se plonger dans les méandres ritual noise, ce n'est pas la foire au jambon pour autant : le son est pachydermique, possédé même (Ghosts of Night). Le chant, lui, a de quoi pétrifier d'effroi. Il y a dans Gorgo la rugosité nécessaire pour être crédible (Unborn, ça cogne méchant), la théâtralité que nécessite le decorum occulte et démoniaque (le morceau titre) et la volonté de chambouler les frontières entre les genres. Dig ou Hear my Call et leurs influences trap / rap flagrantes ou la reprise de Montero de LIL NAS X traînent le black metal vers des cercles infernaux loin de ses confortables tortures habituelles. On voit d'ici les puristes faire la bouche pas contente, mais tout cela a de l'allure et une audace certaine, probablement car le respect pour tous ces genres est manifeste : LUNA 13 s'amuse peut-être mais ne fait pas dans la parodie ou la farce.
Satan aime remuer sur de grosses basses, Gorgo le prouve. Cocktail décomplexé de noirceur démoniaque et de grosses basses perchées, le nouvel album de LUNA 13 est la bande-son idéale si vous voulez invoquer le diable à votre fiesta.